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un élément indispensable des opérations futures. Il est possible de les commencer avec des chevaux frais et d’emporter suffisamment de vivres pour ne pas diminuer la rapidité du mouvement. Les ressources du pays, les magasins capturés seront utilisés. On peut concevoir que, même en pays ennemi, des intelligences puissent y préparer des ressources utilisables. En pays ami, l’appui des populations lèvera tous les obstacles. Lorsque de tels raids réussissent, ils ont les plus sérieuses conséquences.

Si la cavalerie doit occuper des régions que l’ennemi ne cherche pas à conserver, ou s’il lui faut masquer les intentions du commandement, une dispersion des forces peut devenir nécessaire ; alors son rôle sera défensif. Mais il appartiendra au commandement en chef de faire en sorte que cette cavalerie soit toujours prête à des actions offensives, les seules qui soient en harmonie avec le caractère et l’esprit de l’arme. D’où la préparation constante des concentrations rapides dans le temps et dans l’espace. Il va de soi que les divisions de cavalerie indépendantes ne doivent pas être également réparties entre les différentes armées. Le rôle stratégique de cette cavalerie en serait diminué. Lorsqu’il en sera besoin, des divisions de cavalerie de force différente seront formées et quelquefois groupées en corps de cavalerie. On peut même concevoir la nécessité de grouper plusieurs de ces corps sur un théâtre spécial d’opérations, en ne laissant aux fractions de l’armée qui peuvent le mieux s’en passer que la force de cavalerie indispensable.

Naturellement, la concentration de telles masses soulève de nombreuses objections. La principale réside dans la difficulté de nourrir une si grande quantité d’hommes et de chevaux. Mais l’histoire militaire, depuis Frédéric, jusqu’à la guerre américaine de Sécession, en passant par Napoléon, montre qu’il a été possible de mouvoir des masses de 5 000 chevaux et plus, même dans des contrées pauvres et presque sans routes. Il est également objecté que les renseignemens seront plus lentement transmis, lorsqu’un nouvel échelon, celui du commandement du corps de cavalerie, sera constitué.

Cette crainte doit être écartée, car toutes les fois que de grands corps de cavalerie seront constitués, le service de la transmission sera organisé de telle sorte que les renseignemens parviendront simultanément au commandement en chef et aux quartiers généraux. Cette organisation existe dès maintenant