Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement du feu des troupes placées en face d’elle, mais encore de celui des troupes voisines. On est donc amené à étendre le front d’attaque, mais alors des efforts successifs et renouvelés sont nécessaires. Une simple ligne serait détruite avant d’avoir atteint l’ennemi. L’attaque rencontrera de telles masses que quelques escadrons, voire quelques brigades ne suffiront pas à produire d’importans résultats. Des effectifs considérables permettront seuls de récolter les fruits de la victoire, ou de couvrir une retraite. On ne saurait déterminer d’avance ce que devront être ces effectifs, mais on peut affirmer qu’ils devront dépasser la force des unités existantes. En résumé, l’action stratégique de la cavalerie est son rôle essentiel. Les charges sur le champ de bataille ne donneront le succès que dans des conditions spéciales. Même pour couvrir une retraite, elles doivent passer au second plan. Pour renseigner, couvrir l’armée, attaquer les communications, poursuivre, la cavalerie est et restera l’arme principale. A la rigueur, une bataille peut être gagnée sans cavalerie, mais le commandant ne peut prendre des décisions judicieuses que par la connaissance des opérations de l’adversaire. La cavalerie doit se consacrer entièrement à cette tâche ; pour l’accomplir, elle doit être nombreuse. Comme, d’autre part, aucune fraction de l’armée ne peut se passer de cavalerie, la plus grande économie doit être apportée dans sa répartition pour des buts secondaires. De là son partage en cavalerie indépendante et en cavalerie divisionnaire. Comment cette répartition doit-elle être faite ?

Les divisions d’infanterie n’ont pas besoin d’être pourvues également de cavalerie. Celles qui font partie du corps de bataille assureront le service de la transmission des ordres, entre les colonnes et les avant-postes, au moyen de cyclistes. Lorsque la cavalerie indépendante est employée à couvrir le front de l’armée, le service de la cavalerie divisionnaire se trouve par cela même très limité, et les cyclistes pourront assurer la liaison. Il est clair que si le terrain ne permet pas leur emploi, le service sera assuré par des cavaliers. Il en sera de même lorsque la cavalerie indépendante aura dégagé le front pour se porter à une aile, alors la cavalerie divisionnaire devra faire des reconnaissances. Mais comme tout ceci comporte de faibles effectifs, il n’est pas permis de compter sur la capacité de combat de la cavalerie divisionnaire pour obtenir des informations. Quelques