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mais aussi les décisions ultérieures, fruits de son expérience particulière ; elle réclame l’obéissance non seulement pour les « Statuts » et les « Règlemens, » mais encore pour les « Résolutions » de la Compagnie de Paris. « Nous les observons avec le même respect, écrit-elle à Marseille (7 août 1643), que nous observons nos statuts. » C’est ainsi qu’ayant été « arrêté » à Paris « que les lettres de recommandation présentées par les visiteurs seront à l’instant rompues par le secrétaire en présence de la Compagnie…, nous vous prions de vouloir y concourir de votre part… pour vous réduire dans l’uniformité de nos conduites. »

Mais cette obéissance, il est deux points sur lesquels la Compagnie de Paris a peine à l’obtenir : c’est en ce qui concerne les relations des Compagnies entre elles, et leur tendance à fonder, à leur tour, de nouveaux foyers.

Dès 1642, nous l’avons vu, Marseille commence à provoquer des créations dans le Sud-Est. Certainement la Compagnie de Paris l’en félicite ; elle a eu, dit-elle, « une joie incroyable d’apprendre… les dispositions qu’il y a pour un établissement à Grenoble. » Mais sa lettre reflète un embarras. Si, d’une part, elle est aise que les Marseillais se fassent les agens, et les agens discrets, de la négociation, d’autre part, elle stipule qu’ils transmettront les statuts aux gens de Grenoble de la part de la Compagnie de Paris. Sans paraître trop, elle tient à paraître tout de même, et de ce souci de ne point abdiquer, ses lettres nous donnent maintes preuves. — A la fin de 1644, Marseille faisait à Paris la proposition « de contribuer à l’établissement d’une Compagnie à Montpellier, » et la jeune Compagnie provençale, en son zèle bouillant, menait si prestement l’entreprise que, dès le commencement d’avril suivant, il y avait déjà, dans la capitale du Languedoc, « un nombre suffisant de personnes dévotes pour commencer l’exercice. » A quoi, sans doute, Paris applaudit officiellement. Ce n’est toutefois qu’en 1654 que Voyer d’Argenson, si bien informé, enregistre dans son histoire la naissance de la Compagnie de Montpellier. Ne serait-ce pas que la Compagnie-mère de Paris avait tardé à reconnaître l’enfant de sa fille marseillaise ? — A la même époque, elle n’acceptait pas de relations avec Avignon et Orange, non point seulement parce que ces deux Compagnies étaient sur terre papale et, par conséquent, étrangères, mais encore « parce qu’elles s’étaient établies » l’une et l’autre « sans sa participation. » En 1653