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Loué soyt à jamais le très auguste et très Saint Sacrement de l’autel.


Messieurs et très chers Confrères,

L’Eglise estant menacée dehors et dedans d’une ruine prochaine, avec beaucoup plus d’apparence qu’elle ne l’a esté depuis dix siècles, par les infidèles et par le pernicieux concours des athées, des impies, des hérétiques et sectateurs de nouvelles doctrines, et sa nef ne pouvant, ce semble sans miracle, éviter un dernier naufrage, — c’est à nous, Messieurs, c’est à nous d’enrouser [d’arroser] humblement de nos larmes le throsne de Sa Miséricorde, dans ce besoin si important, si pressant et si présent, pour tascher d’arrester les fléaux épouvantables non seulement préparés par sa justice justement irritée, mais qu’il laisse mesme desja agir par des événemens très funestes. C’est à nous, dis-je, puisque Dieu nous a honnorez d’une union si saincte, pour sa gloire et pour le salut du prochain, plus estroictement et plus particulièrement que le reste des hommes, par l’invincible ciment du précieux sang de Jésus-Christ, son Fils, dans le plus divin des Sacremens. C’est de quoy, Messieurs, nous prenons la liberté de vous prier, voire conjurer, vous exhortans aussi de faire, comme nous, à cette fin, un jeusne et une communion à vostre commodité. Messieurs les ecclésiastiques estantz particulièrement priez de dire chacun une messe pour ce sujet, et touts ensemble d’agréer, s’il vous plaist, d’adjouster, comme nous, à nos prières, après Da pacem, Domine, etc., cette aultre petite oraison : Ecclesiae tuae, Domine, preces placatus admitte, ut, destructis adversitatibus et erroribus universis, secura tibi serviat libertate per Dominum, etc. C’est ce que nous espérons de vostre zèle, piété et charité, vertuz parfaitement cognues vous estre acquises et familières par, Messieurs et très chers Confrères,

Vos très humbles et très assurés serviteurs, le Supérieur, Directeur et Cie du Saint Sacrement établie à Paris.

BARILLON [supérieur], Du MATHA Directeur, FR. DE SAINT-AMANT, Secrétaire.


Messieurs Antoine de Barillon, seigneur de Morangis, ancien maître des requêtes au Parlement de Paris, futur conseiller d’État et directeur des finances sous la Régence ; MM. du Matha et de Saint-Amant, simples ecclésiastiques, parlent en vérité ici comme des évêques.

Parfois même, au temps de la Fronde, alors que tous les partis politiques qui se disputent le pouvoir font, à qui mieux mieux, appel à l’opinion publique, la Compagnie du Saint Sacrement les imite. Elle aussi, elle imprime des « factums ; » et ces exhortations à la « poursuite des péchés universels et publics, » qui se commettent contre « la loi de Dieu, » ont, sous sa plume, un accent qui rappelle celui des Mazarinades :


… Nous voicy maintenant dans les jours mauvais : faisons l’office des