et dans la suppression de la monnaie que ses adeptes présentent comme la conséquence de l’adoption de ce système. Le législateur américain a déjà partiellement appliqué cette idée dans la loi du 30 mai 1908, qui prévoit l’émission, soit par des syndicats de banques, soit par des établissemens individuels, de billets gagés par des titres ou du papier commercial.
Quand l’humanité ne connaissait guère que les métaux précieux comme moyen de régler les échanges, on comprend l’importance extrême que les mouvemens des monnaies métalliques prenaient aux yeux des économistes et des hommes d’État. Lorsque vint l’âge du billet de banque, la question du numéraire continua à être au premier plan, parce que ce billet ne conserve sa pleine valeur qu’à la condition de reposer sur un stock métallique plus ou moins fort et d’être constamment échangeable contre des pièces d’or et d’argent, dont les porteurs de billets se gardent bien d’exiger la remise aussi longtemps qu’ils savent pouvoir le faire à tout moment, mais qu’ils réclament à la minute où ils craignent de voir suspendre cette faculté. Pendant une grande partie du XIXe siècle, la préoccupation des financiers a été de régler les créations de billets de façon à assurer l’équilibre entre les besoins de la circulation et la préservation de la qualité du papier ; les crises anglaises en particulier ont eu comme signe caractéristique les inquiétudes nées à ce sujet. Mais aujourd’hui, chez les nations avancées, cette préoccupation passe au second plan. L’émission du billet de banque est organisée de telle façon qu’il inspire pleine confiance au public, qui l’estime presque à l’égal des pièces d’or, et c’est vers d’autres modes de paiement que se porte l’attention générale. Nous avons cru qu’il n’était pas sans intérêt d’exposer celui auquel le Nouveau Monde a eu recours à une époque critique et de montrer les services que les certificats des chambres de compensation ont rendus aux Etats-Unis lors de la crise mémorable de 1907.
RAPHAËL-GEORGES LEVY