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assurez-le, je vous prie, qu’il aura moins à se plaindre de mon importunité dans la suite. Je le supplie seulement de vouloir bien me tirer d’embarras de manière ou d’autre encore cette fois.

Je plains la maman, si elle est encore à sa campagne, car elle y a un bien terrible temps. Mille remercîmens à M. de Lessert de la bonté qu’il a eue de vous permettre de venir exercer les œuvres de miséricorde ; c’est un bon exemple qu’il devrait imiter. Recevez les plus tendres bonjours de deux cœurs qui vous aiment.

Renou.


A Madame de Lessert, née Boy de la Tour, à Lyon.


[Bourgoin] 9 janvier [1769].

Que votre lettre, cousine, nous a fait de bien à tous deux ! Mais quels secours ? Quoi ? Tout est inutile et je n’en veux point[1] ; mais mon cœur, ce cœur qui vous aime, chères amies, me tente et me pousse violemment. Toutefois rien ne presse encore, attendons ; vous aurez de mes nouvelles dans peu.


A Madame de Lessert, née Boy de la Tour, à Lyon.


[Bourgoin] ce 13 janvier 1769.

Je suis mieux, chère cousine, je me hâte de vous le dire : cependant la fièvre et l’oppression continuent ; mais l’enflure est diminuée et les nuits sont plus tranquilles[2]. Mais ma femme est à plat de lit et ma chambre est un hôpital. Je vois que réellement l’air de ce lieu nous est funeste à l’un et à l’autre, et je suis entièrement déterminé, n’ayant aucune nouvelle du Prince, à aller habiter une maison vide où l’on me répare un petit logement, non dans celle à mi-côte dont je vous avais parlé, mais tout à fait sur la hauteur, à une lieue d’ici, dans un air très vif et très sain. Je compte déloger sitôt que mon appartement sera prêt et que ma femme pourra souffrir le transport. J’aurais bien

  1. Allusion à l’offre qu’on lui faisait des soins du Dr Tissot, le célèbre médecin de Lausanne. (Voyez le billet à Mme Boy de la Tour du 6 janvier 1769, Ed. Rothschild).
  2. Voir sur cette indisposition et celle de Thérèse, la lettre de Rousseau à Du Peyrou du 12 janvier 1769.