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au milieu de toute votre famille goûter dans vos chers nourrissons le prix de vos soins ; en attendant je vous reproche de n’en avoir pas assez de leur nourrice, et je vous apprends qu’on ne doit point, dans le cas où vous êtes, écrire quand on est fatiguée ; parce qu’il ne faut point servir ses amis aux dépens de ses enfans.

Comme je ne doute point qu’en ce moment M. de Lessert ne soit de retour auprès de vous en bonne santé, je vous en félicite l’un et l’autre, et je vous prie de lui faire agréer mes complimens. Je vous remercierais l’un et l’autre de votre bonne hospitalité, si le motif qui l’inspire n’était au-dessus des remerciemens. J’ai aussi des excuses à vous faire de l’air familier avec lequel Mme Renou, sachant que j’étais chez vous et m’y croyant encore, vous a adressé une lettre pour moi. Elle vous dit ici mille choses tendres ; je l’ai trouvée en bonne santé, et nous désirons l’un et l’autre de vous retrouver bientôt de même. Amen.


A Madame de Lessert, née Boy de la Tour, rue Piset, Lyon.


A Monquin, le 25 octobre 1769.

Je ne vous remerciai point, chère cousine, de l’envoi de l’épinette en la recevant, parce que n’ayant pas encore votre lettre. J’ignorais que ce fût vous qui aviez pris la peine de me la procurer. A la réception de votre lettre, j’étais occupé autour de ma pauvre femme qui, le soir même que l’épinette arriva, tomba grièvement malade d’une courbature avec une grande fièvre et d’insupportables douleurs dans tous les membres. Le mal a été violent, mais court ; je n’y ai rien fait que d’empêcher que le grand et l’unique médecin ne fût contrarié dans ses opérations. Elle est aujourd’hui sans fièvre et sans douleurs. Elle reprend même le sommeil, et il ne lui reste de sa maladie qu’un peu de faiblesse d’estomac, dont j’espère qu’un bon régime et de la germandrée en infusion, que je lui fais prendre, la délivreront promptement.

Je suis bien aise de n’apprendre le dérangement de votre petite qu’avec son l’établissement. Elle me paraît constituée de manière que sa vigueur et sa santé vous donneront plus d’embarras que ses incommodités. Sur ce que vous me marquez et sur ce que j’ai vu, je compte que son frère ne sera pas d’un moins bon tempérament, et voilà déjà l’un des grands avantages