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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/36

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vieux jours réduit pour toutes ressources, en comptant ce qui est dans les mains de monsieur votre frère, à six cents francs de rente, dont deux cents sont très mal assurés, je ne m’aviserais pas, quelque attachement que j’aie pour ma tante, de lui faire aujourd’hui cette pension ; mais puisqu’elle l’a, je ne me résoudrai jamais non plus à affliger sa vieillesse par cette privation, et je suis bien déterminé à me priver plus tôt moi-même du nécessaire pour la lui continuer jusqu’à la fin de ses jours ou des miens. Cependant il ne m’est pas possible et je ne veux pas aussi me laisser forcer d’accélérer ces paiemens jusqu’à payer deux années dans une, et je ne trouve pas raisonnable à elle de se plaindre du retard des paiemens, tandis que l’année payée d’avance n’est pas encore écoulée. Nous mettrons cette affaire en règle quand j’aurai le plaisir de vous voir. En attendant faites-moi, si vous en avez l’occasion, celui de lui faire passer ma lettre afin qu’elle prenne encore un peu de patience jusqu’à ce que je sois près de vous.

Sitôt que vous verrez le temps passable et les chemins un peu rétablis, vous pourrez, sans autre avis de ma part, envoyer chercher l’épinette, et nous conviendrons du reste par celui qui la viendra chercher.

Pardon, cousine, du désordre de ma lettre ; il m’en coûte extrêmement d’écrire, et l’on me force d’écrire continuellement. Je devrais, je voudrais écrire aussi à la bonne maman ; mais votre intime union et mon attachement pour toutes deux ne me laissent pas même imaginer de vous séparer, et je pense qu’écrire à l’une est écrire aussi à l’autre. Recevez donc en commun mes plus tendres embrassemens et faites agréer, je vous prie, mes salutations à Messieurs de Lessert.


A Madame Boy de la Tour, née Roguin, rue la Font, Lyon[1].


A Monquin, 17 — 70

Je reconnais les soins et le zèle ordinaires de la chère cousine et de sa bonne maman, et je m’en prévaux sans scrupule. Puisque l’expédient de la chaise pour nous et de la voiture pour notre bagage est praticable, je m’y tiens par préférence, vu

  1. Cette lettre commence par le même quatrain qu’on a pu lire au début de la lettre précédente, et qui se retrouve au début des cinq lettres qui suivent.