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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/406

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Samos, à Thèbes ; nous courons les rues d’Athènes à la suite de Platon ou d’Aristote. Plus tard, dans la Mélopée antique, lorsque l’auteur nous montre, fondant sur Rome, une série de calamités, de bouleversemens, de cataclysmes tels que saint Grégoire y voit les symptômes de la décrépitude du monde, certaines conclusions de chapitre, par leur émouvante simplicité, nous font chercher inconsciemment, au verso du feuillet, la signature de quelque maître écrivain du XVIIe siècle.

Après le littérateur, parlons du musicien : l’un complète l’autre.


Envisager un dessin musical polyphonique de gauche à droite, c’est le propre du Contrepoint ; de bas en haut, celui de l’Harmonie.

Le Contrepoint nous apprend à diriger per angusta plusieurs voix vers un même point sans heurt, sans entraves ni arrêts, doucement, élégamment. L’Harmonie surveille la rectitude des lignes formées par le groupe en marche ; elle prend des « instantanés » et enregistre.

Le Traité d’harmonie récemment publié aurait pu paraître en marge et en appendice des quatre admirables volumes dont nous venons de parler. Il est en quelque sorte le commentaire, l’application des théories de notre art depuis Terpandre jusqu’à nous.

Les ouvrages qui traitaient de la question ne s’occupaient guère que du présent, jugeant superflu tout pèlerinage vers les sources du fleuve : or si, pour parler français, il faut apprendre le latin, si, pour devenir légiste, il faut étudier le Droit romain, comment acquérir la pureté de style harmonique en restant dans l’ignorance des origines mêmes de l’harmonie ?

Gevaert commence par expliquer la constitution des sons : leur intensité, qui provient de l’amplitude des ondes sonores ; leur timbre, qui résulte de la forme des vibrations ; leur hauteur qui dépend du nombre de ces mêmes vibrations. Puis, ayant à définir les deux termes de la polyphonie consonance et dissonance, s’emparant de la théorie de Platon (« c’est la consonance qui a créé l’ordre et la lumière dans le chaos des sons de la nature »), il la formule ainsi à notre usage : « La consonance est l’impression qui se produit lorsque deux sons émis