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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/407

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en même temps se mélangent plus ou moins complètement. »

Sous une forme plus sèche, nous disons à Paris que « la consonance, ne résultant pas du choc de deux notes, donne plus ou moins l’idée de repos ; la dissonance au contraire, résultant du choc de deux notes, donne toujours l’idée de mouvement. » Le son heurté recule : donc pour lui, pas de repos.

Partant de l’octave qui, suivant Ptolémée, renferme toute musique, puis de la quinte, vraie génératrice de l’échelle musicale et ensuite de la spirale des quintes, Gevaert étudie le diatonique dans la musique homophone, les sept types d’octaves, les six échelles modales des Grecs, restées en usage jusqu’à ce jour non seulement dans le chant de l’Église latine, mais dans la musique de la plupart des peuples d’ancienne civilisation ; et il nous cite à côté d’hymnes grecques et ambrosiennes, des chansons slaves, écossaises, Scandinaves, flamandes, des psaumes de la Réforme française, des chorals luthériens, des chants juifs du rite espagnol, des fragmens de musique instrumentale des IIe et IIIe siècles, etc.

« On serait dans l’erreur, ajoute-t-il, en supposant que la musique homophone était toujours strictement un unisson. Déjà les fondateurs mythiques de l’art grec pratiquaient une harmonie rudimentaire en ajoutant une partie d’accompagnement au dessin mélodique, partie placée à l’aigu et ne produisant avec celle-ci que des intervalles de deux sons. » Dans nos pays d’Occident, on commence à rencontrer dès le Xe siècle les embryons d’accompagnemens à la basse.

Trois périodes dans l’histoire de la polyphonie du moyen âge :

Celle de l’organum, chants liturgiques, au-dessous desquels on ajoute une partie vocale, soit en répétant continuellement la fondamentale, soit en reproduisant le dessin mélodique à la quarte ou à la quinte (Xe et XIe siècles : hommes célèbres, Hucbald, Guy d’Arezzo).

Celle du déchant, compositions ecclésiastiques et profanes à trois ou quatre voix, où les octaves, les quintes et les quartes de suite produisent d’effroyables successions, impossibles à entendre aujourd’hui (XIIe, XIIIe et XIVe siècles). Période intéressante toutefois en ce qu’elle révéla aux hésitations et aux tâtonnemens des chercheurs du XIVe siècle le rôle de la tierce, c’est-à-dire l’accord parfait.