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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/466

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du sol, depuis les régions montagneuses du Sud jusqu’aux plaines du centre, et aux pentes boisées des deux rives du Rhin. Puis vient une longue énumération des alimens et boissons, avec quelques mots sur leurs divers prix. Après quoi l’auteur aborde enfin l’étude des mœurs et habitudes allemandes.


Ces gens n’ont de cheminées que dans leurs cuisines, et partout ailleurs des poêles, dont chacun est pourvu d’une niche où se trouve placée une fontaine d’étain. Les habitans prennent un grand plaisir à garder, dans leurs chambres, toute sorte d’oiseaux, la plupart enfermés dans des cages d’un joli travail : mais quelques-uns aussi, plus apprivoisés, volent en liberté dans les chambres et au dehors… Une habitude incommode et fâcheuse de ce pays est de mettre, dans une chambre, autant de lits que l’on peut y en faire tenir : sans compter que leurs chambres à coucher n’ont ni poêles, ni cheminées, ce qui rend très désagréable le passage des pièces très chaudes dans d’autres toutes froides, du moins pendant le temps qu’il faut pour se déshabiller : mais il est vrai que la chaleur des épais lits de plume fait vite oublier cet inconvénient…

Les femmes s’attachent à avoir toujours leur vaisselle et tous leurs ustensiles de ménage extrêmement propres, tandis qu’elles-mêmes sont, à l’ordinaire, très sales, et toutes vêtues, à peu près pareillement, d’étoffes à très bas prix : mais elles sont belles et fort agréables, et, quoique froides par nature, — au rapport de certains cavaliers de notre compagnie, — elles ne détestent point les plaisirs galans. Les jeunes filles aiment à se montrer la tête ornée de couronnes de fleurs, surtout aux jours de fête ; et de même font aussi les enfans qui servent dans les églises, et les écoliers. Lesdites dames vont, en majeure partie, nu-pieds, et leurs jupes, courtes et serrées. leur laissent les jambes découvertes… Elles ont coutume, toutes les fois qu’elles voient passer des étrangers ou des hommes de condition, de se lever de leur siège et de faire une révérence. Dans toutes les auberges, l’on peut être assuré de trouver trois ou quatre chambrières jeunes et jolies ; et bien que l’hôtesse, et lesdites chambrières ne se laissent pas embrasser, comme les servantes françaises, la courtoisie veut qu’on leur touche la main, et qu’ensuite on leur serre la taille, en signe d’amitié. Très volontiers elles s’invitent elles-mêmes à manger et à boire avec les hôtes ; et ceux qui savent leur langue peuvent leur parler tout à fait librement.

Hommes et femmes sont très assidus à fréquenter les églises, où chaque famille possède un banc qui lui est réservé : de manière que toutes les églises, à l’exception du chœur, sont remplies de bancs sur les deux côtés, avec un passage vide au milieu, comme chez nous les écoles publiques. Mais le plus remarquable est que, dans ces églises allemandes, au contraire de chez nous, personne ne parle de ses affaires ni ne s’amuse en aucune façon.


Cette piété du peuple allemand, à la veille de la Réforme, nous est confirmée par plusieurs autres témoignages de voyageurs contemporains : mais il convient d’ajouter que, sauf pour Nuremberg et une