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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/707

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Le lendemain même de sa dernière conversation avec Le Fanois, la jeune fille était partie pour Londres, où elle devait rendre visite à des amis. Malgré les supplications de Mrs Smithers, son absence se prolongea bien au delà de la date fixée pour son re tour. Elle écrivit qu’elle était fortement grippée, puis elle prétexta une lente convalescence qui lui faisait redouter les fatigues du voyage.

Elle ne se décida à revenir que sur un télégramme lui annonçant que Catherine Smithers était tombée gravement malade, et elle n’était de retour que depuis quelques heures lorsque Le Fanois se présenta.

Dès qu’elle parut, il fut frappé par la pâleur extrême de ses traits maigres et défaits, sur lesquels l’inquiétude qu’elle ressentait pour son amie se confondait avec les traces de son indisposition récente.

— C’est donc bien grave ? demanda le jeune homme, après avoir échangé une poignée de main avec elle.

— Je le crains, hélas ! La pneumonie a gagné l’autre poumon, et la pauvre petite a une grosse fièvre.

Ils continuèrent à causer à voix basse de la maladie de Catherine. La pneumonie s’était déclarée la veille seulement, à la suite d’un rhume mal soigné. Mrs Smithers, affolée, ne quittait pas le chevet de sa fille. Quatre médecins et trois gardes entouraient la malade de leurs soins, et la mère, au désespoir, parlait d’appeler un spécialiste de New-York. Pour le moment, les symptômes étaient bien graves ; cependant, les médecins se déclaraient dans l’impossibilité de se prononcer avant vingt-quatre heures sur l’issue de la maladie.

— La pauvre petite vous demande, mais on craint de l’agiter, et Mrs Smithers m’a priée de lui transmettre quelques mots de votre part.

Le Fanois avait les larmes aux yeux.

— La pauvre enfant ! Dites-lui, dites-lui bien que je... — il hésita et parut subitement gêné par le regard tranquille de miss Lambart.

L’ombre d’un sourire moqueur effleura les lèvres pâlies de la jeune fille.

— Je saurai ce qu’il faut lui dire, reprit-elle avec une légère nuance d’amertume.

Le Fanois la regarda ; puis il prit sa main, qu’il baisa.