Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 47.djvu/715

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour nous qu’un médiocre avantage : il ne nous apporterait qu’une satisfaction platonique. Que voulons-nous ? La sécurité et la liberté de nos nationaux dans l’Empire chérifien. Qu’avons-nous le droit d’exiger ? Que le gouvernement marocain prenne sans retard les mesures nécessaires pour les assurer. Tout cela est compris dans la formule allemande. Si le gouvernement marocain conforme sa conduite aux principes du droit des gens, nous n’aurons rien de plus à lui demander. Qu’il appartienne d’ailleurs au Sultan de prendre lui-même les mesures appropriées, nous l’admettons volontiers ; nous croyons, avec le gouvernement impérial, qu’il convient de lui laisser une certaine liberté d’allures ; lorsqu’il aura accepté les conditions qu’elle lui impose, l’Europe devra lui témoigner de la confiance et l’attendre à l’œuvre. Aux prises avec de grandes difficultés intérieures, il est mieux que personne à même d’en bien connaître la nature et de choisir les moyens de les surmonter. Qu’il reste donc maître de sa politique au dedans : ce n’est pas à l’Europe à lui en dicter en détail les conditions. La guerre sainte est le passé ; elle n’a d’ailleurs pas été bien redoutable ; regardons maintenant du côté de l’avenir.

On le voit, sur tous les points l’entente est possible, elle semble même être devenue facile entre l’Allemagne et nous. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne n’a contesté aucun des principes sur lesquels nous nous appuyons, et qu’elle s’est bornée à donner courtoisement son avis sur la meilleure manière de les appliquer. Son avis est souvent judicieux et il n’est jamais exprimé sous une forme offensive. Nous ne pouvons pas nous retenir de penser que, s’il en avait été ainsi de tout temps, beaucoup de difficultés qui ne tenaient pas à la nature même des choses ne se seraient pas produites. Aussi l’opinion, dans toute l’Europe, a-t-elle fait un accueil favorable à la réponse allemande. L’approbation a été aussi unanime que l’avait été la désapprobation causée par les premières manifestations de la politique impériale après le succès définitif de Moulaï Hafid. Ces manifestations avaient peut-être été mal interprétées : nous ne rechercherons pas en ce moment à qui en revient la faute. Quelques journaux, toutefois, font remarquer que la réponse de Berlin ne contient que des paroles et qu’il faut attendre les actes, ceux-ci n’ayant pas été toujours d’accord avec celles-là. Sans doute, et nous n’oublions rien du passé : mais c’est seulement de la réponse dont nous sommes saisis que nous avons à parler aujourd’hui. A chaque quinzaine suffit sa peine.

Nous ne serions pas complet si nous ne disions pas un mot