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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/137

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la Commission de colonisation. La Banque centrale lui prête, sur garantie hypothécaire, les sommes nécessaires, jusqu’à ce qu’il ait revendu les terres achetées.

Le capital des associations de crédit, constitué par la cotisation des membres, qui est de 3 marks par an, dépasse vingt et un millions, dont six sont en fonds de réserve. Les dépôts et l’épargne sont la grande source d’alimentation de ces banques. Chaque Bank ludowy est organisée de manière à recevoir le son des petits enfans. La progression des sommes déposées depuis l’avènement de Wawrziniak autorise les plus vastes visées dans un avenir prochain. En 1894, le chiffre des dépôts était de 15 millions, de 49 millions en 1902, de 70 millions en 1904, de 107 millions à la fin de 1906. Il y a différentes catégories de déposans : les petites gens d’abord, domestiques, bergers, employés subalternes, ouvriers de Westphalie qui envoient tous les ans de 100 à 500 marks. Le clergé confie aussi ses économies et parfois son avoir familial aux banques des associations. Son exemple entraîne les paysans. Enfin, les commerçans et la noblesse se sont ralliés à la Bank ludowy.

Des enquêtes sérieuses[1] ont cherché à établir que l’apport des ouvriers agricoles migrateurs dans les banques des associations était considérable. On n’est pas d’accord sur le nombre des Sachsengänger que l’on élève jusqu’à 60 000 pour faire de ce fait économique, un des points noirs de la question polonaise. Le chiffre donné par la police en 1905 est de 38 000. La Commission de colonisation estime qu’il faut le porter à 50 000, ramenant annuellement dans les Marches de l’Est 15 millions d’économies. Le professeur Bernhard combat cette thèse et fait des ouvriers agricoles non les créanciers, mais les débiteurs des banques des associations. A la vérité, ils sont à la fois l’un et l’autre, si l’on peut ainsi dire. Car ils n’ont pas une âme de petit rentier dont l’argent sonnant satisfait le plus profond désir. Ils convoitent un bien dont le prix dépasse leur épargne ; ils empruntent, non plus à l’usurier, comme jadis, mais à la banque polonaise la somme qui leur manque, et repartent pour l’Allemagne. La « faim de la terre » les mène et fait d’eux une force redoutable dans la lutte des deux nationalités, depuis qu’elle est

  1. Kaerger, Die Saclisengängerei, 1 vol. in-8o ; Berlin, 1890 et Léo Wegener, Der wirtschaftliche Kampf der Deutschen mit den Polen um die Provinz Posen, 1 vol in-8o ; Posen, 1903.