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groupés, serrés, toute la journée, en toute saison, d’un bout de l’année à l’autre et d’une manière permanente.

Jusqu’où est poussée cette concentration, en volume et en densité, les recherches de l’Office du travail ne nous mettent pas non plus à même de le dire avec précision. « Il n’a pas été possible, ajoute la note, d’établir par sexe et par âge le nombre des ouvriers et employés de l’industrie au point de vue de l’importance des établissemens. » Pourtant, « le recensement a relevé exactement le personnel occupé dans les établissemens n’employant pas plus de dix salariés : par différence, il a évalué le nombre des personnes employées dans les autres. Il a obtenu les résultats suivans pour les établissemens industriels (non compris les entreprises de transports) :


Établissemens Nombre de personnes occupées «
De 0 à 10 salaires 1130 851 soit 32 p. 100
De 11 à 100 — 691 00 — 20 —
Plus de 100 — 1 704 860 — 48 —
3 526 811 100

Le personnel total des établissemens occupant plus de 500 personnes s’établit à 670 900. »

Faisons attention que de nouveau il s’agit du personnel total, femmes et mineurs compris ; que, par conséquent, nous n’avons pas le chiffre exact qui marquerait le degré de concentration de la classe ouvrière ou, moins ambitieusement, de la majorité des ouvriers de l’industrie, considérée comme masse électorale. A la rigueur, toutefois, ce que nous avons nous suffit. En supposant, ce qui n’a rien de téméraire, que la proportion est la même pour les ouvriers mâles et majeurs que pour l’ensemble du personnel y compris les femmes et les enfans, il ressort clairement de la lecture du tableau que deux sixièmes environ des ouvriers de l’industrie sont déjà concentrés, un sixième plus concentré encore, les trois autres sixièmes très concentrés ; et, de ces trois derniers, un sixième atteint le point le plus haut de la concentration industrielle, en établissemens qui occupent plus de 500 personnes.

Ce groupement, ce resserrement continu, ce contact intime et perpétuel, en accroissant singulièrement la force des ouvriers réunis dans un même atelier pour un même travail, leur assure, par rapport aux ouvriers dispersés ou isolés, et l’on pourrait