Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maison, ambassadeur de France à la Cour de Saint-Pétersbourg, mandait, le 12 janvier 1835, à son gouvernement qu’on reprochait au comte Pozzo di Borgo sa partialité pour la France. Le « parti russe pur » en était mécontent et désirait son éloignement.

Le roi Louis-Philippe ne dissimula pas ses regrets ; ils augmentèrent encore lorsqu’il connut le nouvel ambassadeur.

Ce fut l’aide de camp général comte Pahlen, général de cavalerie. Les instructions en date du 27 avril/9 mai 1835 exposent ainsi le but de sa mission : « Loyale et ferme dans ses actes, simple, vraie dans son langage, la politique de l’Empereur, dans ses relations avec la France, repose tout entière sur l’application des trois principes suivans : » En premier lieu, le gouvernement impérial n’intervient pas dans les affaires intérieures, mais il ne tolère pas non plus l’intervention dans les affaires qui concernent exclusivement la Russie. En second lieu, la Russie ne se détachera jamais de ses alliées intimes : la Prusse et l’Autriche. Enfin, « Sa Majesté ne se décide à émettre une déclaration quelconque de concert avec les Cabinets alliés, que lorsqu’Elle est sûre qu’ils ont la volonté et le pouvoir de soutenir au besoin leurs déterminations par la force des armes. » Vient ensuite la liste des questions qui font l’objet des relations entre les deux pays. Il est dit notamment que, dans la question d’Orient, la Russie n’admettra jamais qu’une puissance arabe s’établisse sur le Bosphore. Le gouvernement français, hostile à la Russie, était d’un avis différent, mais dut s’incliner devant les argumens concluans, fournis par la présence de la flotte russe à Constantinople.

Plus intéressantes étaient les considérations générales dont devait s’inspirer le comte Pahlen dans ses relations personnelles avec le roi des Français et ses ministres. « Vu, disaient-elles, la dissemblance des principes qui dirigent la Russie et la France, leurs relations, il est vrai, ne sauraient être ni confiantes, ni intimes. L’Empereur désire nommément que vous en évitiez jusqu’à l’apparence et que, tout en profitant des avantages que votre prédécesseur a retirés de ses entretiens avec le Roi, vous ne chercherez pas à en multiplier les occasions, au-delà de ce que l’intérêt du service de Sa Majesté exige. » Toutefois, redoutant une fausse interprétation exagérée de ces instructions, leur auteur s’empresse d’ajouter : « Mais, en vous recommandant d’user de cette réserve dans vos rapports personnels, Sa Majesté