Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des foules pâles suivre, en parlant à voix basse,
Le long chemin sans but égaré dans l’espace,
Doux pas d’Ombres errant sur le gazon épais
Où murmure un frisson de mystère et de paix.


COMMUNAUTÉ


Dans cette chambre que j’habite,
Le précieux soleil d’hiver,
Gai rayon consolant, si cher,
Si désiré, ne vient pas vite.

Il est dix heures du matin
Quand cet or magique pénètre
Les clairs carreaux de la fenêtre,
Illuminant mon cœur soudain…

Ce charme ainsi tardif, cette heure
Touchèrent d’un pareil émoi
Ceux qui vécurent avant moi
D’anciens jours dans cette demeure.

Ils sentaient un égal plaisir
En voyant cette même place
Recevoir la furtive grâce
Attendue et lente à venir.

L’homme passe, les choses restent
Par elles, des morts aux vivans,
A travers les destins mouvans,
De doux liens se manifestent.

Ici l’ordre stable des lieux,
Par ce vif rayon qui flamboie,
Continue une ancienne joie
Qui m’unit avec les aïeux.