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Que n’a-t-il conservé les reflets d’autrefois !…
Mais voici maintenant l’épais couvert d’un bois ;
C’est une beauté sans pareille !
Vous le connaissiez bien, car il est d’un renom
Qui fait vers lui courir en la verte saison
La jeunesse qu’il émerveille.

On trouve là des fleurs, des fleurs, toutes les fleurs,
Etalant tout le long des beaux jours les couleurs
De leurs espèces successives,
Comme une chaîne souple aux anneaux éclatans
Qui déroule la grâce entière du printemps
En ses images les plus vives.

Sans lutter par des mots avec de tels attraits,
Je nomme seulement parmi ces êtres frais
La très candide nivéole,
Le narcisse doré, la scille au regard bleu,
Le cyclamen, l’œillet, le lis couleur de feu,
L’ancolie, étrange corolle.

Dans ce bois, ressemblant au jardin le plus beau,
L’épanouissement est toujours si nouveau,
Si variée est la parure,
Le cours changeant des fleurs est si bien ordonné
Que l’on rêve, hésitant, l’esprit tout étonné
Par cette œuvre de la nature.

Oh ! peut-être, jadis, en un jour très ancien,…
Du château paternel ce bois étant voisin,
Vous toute jeune, ô mon aïeule,…
Vous avez semé là par un geste charmant
Les graines, germe obscur d’un si clair ornement :
Ces beautés viennent de vous seule !

Certe aux fleurs des jardins, banal produit de l’art,
Nous préférons les fleurs qu’a fait naître au hasard
L’antique force élémentaire