Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et que, leur conservant un éclat non terni,
Dieu semble nous offrir du fond de l’infini
Dans le prestige du mystère.

Douce aïeule, pourtant, celles qui dans ce bois
Furent mises peut-être à dessein, avec choix,
Se lustrent d’autant de mirages,
Si je rêve en mon cœur que votre chère main
Les présente elle-même à travers le lointain
Emouvant et sacré des âges !


LES HEURES


Les hommes d’une époque aujourd’hui disparue,
Quand le soleil brillait à leurs yeux fascinés,
Lorsqu’une part du temps leur était dévolue
Et qu’ils pouvaient sentir leur maîtrise absolue
Sur les jours lumineux qui leur étaient donnés,

Comment les vivaient-ils ? que faisaient-ils des heures,
Des aubes, des midis, des longs jours loin du soir ?
Cherchaient-ils le plaisir ? suivaient-ils de vains leurres ?
Quelle action féconde animait nos demeures ?…
De ces pères anciens on voudrait tout savoir !

Peut-être quelques-uns d’entre eux, d’esprit peu sage,
Quand le temps précieux arrivait sous leur main,
Ne le saisirent pas fortement au passage
Pour en faire à leur tour un grand, un ample usage :
Hélas ! ils ont perdu ce trésor en chemin !

La menace s’étend jusqu’à nous tout entière ;
Les heures d’autrefois et celles d’aujourd’hui
Sont de même substance… oh ! substance légère,
Qui coule entre les doigts, subtile et passagère,
Et ne reparaît plus quand son éclair a lui !