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d’organisation, relatives aux manœuvres, exposées avec plus de concision qu’autrefois ; mise en œuvre d’un service d’arbitrage fortement constitué ; liberté d’action la plus complète, accordée aux chefs des partis opposés, sous la réserve qu’ils tiennent compte des situations imposées par le directeur ; choix de thèmes généraux et particuliers, empruntés à la guerre de 1870-71, et permettant aux deux adversaires de faire appel à la stratégie pour asseoir leurs combinaisons.

On va passer en revue, sommairement, ces diverses causes de progrès, avant d’entamer l’analyse des opérations militaires.

Lors de la dernière guerre franco-allemande, nos règlemens de manœuvres, inspirés par la tactique prussienne du temps de Frédéric II, ne répondaient nullement à la guerre napoléonienne que les vaincus d’Iéna allaient nous faire.

A la suite de nos désastres, on a entrepris les réformes reconnues nécessaires, et la cavalerie, la première, a été dotée, en 1876, d’un règlement de manœuvres excellent ; mais la puissance de la routine est telle que l’infanterie et l’artillerie ont dû attendre jusqu’à ces dernières années pour obtenir d’être régies, au combat, par des principes simples et d’une application aussi facile que prompte.

L’infanterie doit son émancipation actuelle, en matière d’évolutions et de formations de combat, à la commission de 1901, dans laquelle les généraux Hardschmitt et Millet, sans nous compter, firent prévaloir les idées actuellement en honneur.

Il est juste de reconnaître, d’autre part, l’influence considérable qu’a exercée l’école de Poitiers sur l’élaboration du nouveau règlement d’artillerie.

La tactique appliquée au but et au terrain est de première importance pour tout officier appelé à commander une troupe en campagne, et pourtant, c’est par là que pèche notre armée.

En Allemagne, et même en Suisse, l’officier, quel que soit son grade, est, en général, plus tacticien que son camarade français.

On a fait et on réalise chez nous des progrès en tactique, grâce aux exercices et manœuvres de cadres, à simple et à double action, sur la carte et sur le terrain, qui sont d’un usage fréquent, mais les bons maîtres en tactique appliquée sont encore rares, et cette pénurie momentanée est très fâcheuse.

Quoi qu’il en soit, le progrès en cette matière s’effectue sûrement ; c’est indéniable, et l’on peut admettre que dans