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L’IDÉALISME AMÉRICAIN

LES POÉSIES DE M. HENRY VAN DYKE[1]

Il serait bon, pour notre complète intelligence des États-Unis contemporains, que nous connussions davantage, et comme « de plus près » quelques-uns des écrivains qui, dans ce pays, représentent les tendances idéalistes. Tant d’autres tendances y sont plus apparentes, qu’on pourrait douter de l’existence de celles-là. Pourtant, dans les veines de l’Américain positif d’aujourd’hui circule encore le sang des Puritains d’Angleterre et de Hollande, et le vœu d’Emerson pour sa patrie continue de s’accomplir : que pour chercher la lumière au-dessus des exigences matérielles, le regard des hommes « soulève leurs paupières pesantes[2]. » M. Henry van Dyke est un exemple de la persistance d’un idéalisme sain aux Etats-Unis. En même temps qu’un talent littéraire d’un grand charme, qu’il a diversement manifesté comme orateur, essayiste, conteur d’histoires et poète, — souplesse d’esprit qui n’est pas sans exemple dans l’histoire des lettres américaines, — son œuvre révèle une personnalité indépendante, sincère, fidèle à une conception très haute et très reposante du monde et de la vie. Il est peut-être imprudent de dire d’un écrivain qu’il n’a pas cherché le succès, mais on peut dire avec certitude de celui-là que le succès a laissé intacte sa sincérité. Suivre d’une marche tranquille la

  1. M. Henry van Dyke a été nommé par l’Université de Harvard pour faire cet hiver en Sorbonne la série annuelle des conférences américaines. Il parlera de l’esprit américain, étudié dans la vie passée et présente des États-Unis, dans leur littérature et leurs institutions.
  2. Emerson, The American Scholar.