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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/426

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idées ridiculement gigantesques, ce qui leur donne des prétentions qu’ils sont incapables de soutenir et les jette dans des spéculations d’agrandissement, qui dispersent leurs moyens et leur force, de manière à les annuler. Ils font consister leur force dans l’étendue du pays qu’ils occupent, quelque dispersée que soit la population. Cette étendue égale presque la moitié de l’Europe, et leur population n’est que de sept millions d’habitans : il est vrai que si la guerre dure encore en Europe dix ans, il se fera ici une émigration considérable, à. en juger par l’actuelle. »


« New-York, 6 mai 1807. — Les Américains sont de très bonnes gens et valent souvent mieux que leur réputation ; leurs progrès dans le commerce et la navigation sont réellement extraordinaires ; on jouit dans leur pays de la liberté la plus illimitée et sans le moindre abus. Leur législation civile est la partie faible de leur gouvernement. Elle est tellement compliquée que les avocats sont très nombreux et très riches, ce qui est sans doute très heureux pour ceux qui exercent cette profession, mais bien sûrement n’est pas une source de prospérité pour ceux qui ont besoin de leur ministère.

« P.-S. — Il paraît qu’on ne va pas si vite avec les Russes qu’avec les Prussiens. »


« New-York, 17 mai 1807. — Je passe ici mon temps très paisiblement, mais d’une manière un peu monotone. Cependant, je n’ai nulle envie de retourner en France, car je préfère le repos sans plaisirs aux jouissances accompagnées de la moindre inquiétude. »


« New-York, 9 septembre 1810. — Comme tu me le mandes, tout le monde a parlé de mon retour en France, mais j’étais le seul qui ne fût pas dans la confidence ; ce pays-ci est assez ennuyeux, mais on y est fort tranquille, et si le repos est un bonheur, on en jouit ici dans toute sa plénitude. »


« 25 mars 1812. — Quelques personnes, dis-tu, t’ont conseillé de venir en Amérique et tu espères par ton industrie y faire quelque chose. Ce que tu me demandes est très facile ; certes, tant que j’aurai du pain, je le partagerai avec toi, et à cet égard tu