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confidentiellement (in piano) sur cette matière. » Une « instruction, » qui n’a pas été retrouvée jusqu’ici, accompagnait la dépêche.

Le 6 mars, réponse embarrassée du nonce. Il s’excuse comme il peut : « Votre Eminence s’étonne à bon droit que je ne lui aie rien dit de l’affaire de l’évêque de Tina… ; mais, puisqu’il faut confesser mon péché à Votre Eminence, j’ai toujours en horreur de mêler le maître à des choses que j’estime irréalisables. J’ai une expérience des artifices des hérétiques qui remonte à huit ans. Ils promettent beaucoup… » Ils promettent, et ne tiennent pas. Le nonce n’avait pas voulu mêler le Saint-Père à une négociation qu’il ne prenait pas au sérieux.

Le 23 avril, la secrétairerie d’État prévient Mgr Buonvisi que l’évêque de Tina a reçu des « brefs de créance » qu’il avait sollicités. La dépêche laisse percer une certaine défiance à l’égard de ce prélat trop entreprenant ; Rome craint qu’il n’ait « quelques vues intéressées. »

Le 7 mai, avis est donné à Vienne de l’arrivée à Rome du Père Pekhenius, jésuite, lequel a « représenté » à Sa Sainteté que « le duc (Ernest-Auguste), pseudo-évêque d’Osnabruck, avait l’intention de se convertir au catholicisme avec sa femme et tous ses enfans, » moyennant une juste part des biens d’Eglise, faveurs et privilèges dont la papauté avait conservé la disposition. Suivait l’énumération des dépouilles et grâces convoitées. On faisait remarquer au nonce que ces demandes étaient exorbitantes, et qu’il conviendrait « d’exciter le prince à ne se soucier que de son salut éternel. » En même temps, on était obligé de prévoir le cas où le prince persévérerait à rechercher les biens de ce monde, et l’on faisait comprendre au nonce qu’il importait de le ménager. L’exemple de sa conversion, disait la dépêche, « pourra donner le branle aux autres, » tandis que, « s’il est mécontent, » il « peut déranger toute la combinaison. »

Pendant que le Père Pekhenius discutait avec Ernest-Auguste et la duchesse Sophie, l’évêque de Tina continuait ses voyages. Plusieurs petites cours allemandes, dont celles d’Osnabruck et de Celle, l’avaient abouché avec des théologiens protestans, et il était sorti de ces conférences de savans mémoires destinés à être montrés ; mais la vraie besogne se faisait dans des conversations qui ne s’écrivaient point. : « En discours, rapportait la duchesse Sophie, ils ont ajusté beaucoup de points. L’évêque dit que le Pape les reconnaîtrait pour de vrais pasteurs… Les biens