tel était le chancelier au mois de décembre 1870, à l’heure où l’Europe le croyait triomphant !
Le 10 du même mois, Delbrück lisait au Reichstag, au nom du Conseil fédéral, un message par lequel le Conseil fédéral de la Confédération de l’Allemagne du Nord, après s’être entendu avec les gouvernemens de la Bavière, de Wurtemberg, de Bade et de la Hesse, avait décidé de proposer au Reichstag de remplacer le titre de la constitution de la Confédération germanique par ces mots : « Cette Confédération portera le titre d’Empire allemand. » La Présidence de la Confédération devait appartenir au roi de Prusse qui porterait le titre d’Empereur allemand. Le Reichstag, devant les explications que lui donna Delbrück et la lecture qu’il lui fit de la lettre du roi de Bavière, vota les modifications demandées et une adresse au roi de Prusse, où il était déclaré tout d’abord que la nation ne déposerait pas les armes avant que la paix fût garantie par de bonnes frontières contre les attaques réitérées d’un voisin jaloux. L’adresse ajoutait que le Parlement de la Confédération du Nord se joignait aux princes de l’Allemagne du Sud pour demander à Sa Majesté de parachever l’œuvre d’union en acceptant la couronne d’Empereur. Puis, le Reichstag décida d’envoyer à Versailles une délégation de trente députés avec son président Simson, le même qui, en 1849, avait offert la couronne à Frédéric-Guillaume IV au nom du parlement de Francfort.
L’accueil fait à la délégation par Bismarck fut d’abord un peu roide, et cela à cause de la mauvaise humeur que les princes et les courtisans lui avaient causée. Mais devant la soumission et la déférence des trente députés, le chancelier s’adoucit et félicita le Reichstag d’avoir compris les nécessités urgentes qu’imposaient les circonstances. Le prince royal reçut les députés avec une grande courtoisie et les mena au roi de Prusse, qui leur donna une audience solennelle dans le palais de la Préfecture à Versailles, le 18 décembre, les princes de sa Maison étant à sa droite, les autres princes à sa gauche. Il dit, après avoir entendu la lecture de l’adresse, qu’en les voyant sur la terre étrangère, loin des frontières allemandes, son premier besoin était de remercier la Providence dont les merveilleux desseins les réunissaient dans l’ancienne ville royale de la France. Il remerciait ensuite le peuple allemand de son attachement fidèle et de sa sollicitude, puis le Reichstag pour le vote de ressources nouvelles