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ont dit avec emphase les journaux allemands, — dans un tableau que j’ai vu à la Ruhmeshalle à Berlin, palais élevé à la gloire des armées germaniques et dont les statues et les différentes décorations artistiques n’ont d’autre prétention que d’être colossales, ce qui est en général le trait caractéristique des œuvres d’art allemandes. A la droite du Roi, se trouvait le prince royal, à la gauche du Roi, son frère le prince Charles de Prusse, puis autour de lui les princes Adalbert, de Saxe-Weimar et d’Oldenbourg, le grand-duc de Bade, les ducs de Cobourg, de Saxe-Meiningen et de Saxe-Altenbourg, les princes Luitpold et Othon de Bavière, le prince Guillaume et le duc Eugène de Wurtemberg, le duc de Holstein et le prince Léopold de Hohenzollern, la cause vivante de la guerre. Derrière le Roi, les porte-drapeaux du Ier régiment de la garde et aux deux côtés de l’estrade de gigantesques cuirassiers blancs, le sabre nu. Le peintre a choisi le moment où le général de Blumenthal, chef d’état-major de la troisième armée, le baron de Schleinitz, ministre de la Maison du Roi, M. Delbrück, président de la Chancellerie fédérale, le général de Fabrice, le général de Voights-Rheetz, M. de Brauchitsch, préfet de Seine-et-Oise et des officiers de tout grade formant l’assistance, viennent acclamer le nouvel Empereur. Les drapeaux s’abaissent, les sabres s’agitent, les casques se lèvent, lu même cri sort de toutes les bouches. Sur la troisième marche de l’estrade, Guillaume Ier", revêtu de l’uniforme d’infanterie de la Garde, le casque à la main droite, se tient droit et comme savourant son triomphe. Tout près de lui, le prince impérial se redresse fièrement de toute sa taille, une main sur le casque et l’autre sur l’épée. En face de l’Empereur et de son fils, se détachant au-devant du groupe des officiers, parait le maréchal de Moltke qui s’incline profondément, puis le comte de Bismarck en uniforme de cuirassier blanc, ne perdant pas un pouce de sa haute stature, tenant d’une main le texte de la proclamation impériale et de l’autre son casque, regardant avec une étrange fixité celui qui lui doit la couronne. Il semble dire à tous : Me, me adsum qui fecil

Avant d’être proclamé et acclamé, le roi de Prusse avait lu aux princes présens un discours où il remerciait les princes allemands et les villes libres de s’être associés à la demande qui lui avait été adressée par le roi de Bavière de rattacher à la couronne de Prusse, en rétablissant l’empire d’Allemagne, la dignité