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L’AVIATION

Le 1er juillet dernier, le Zeppelin n° 4, favorisé par un temps magnifique, évoluait pendant douze heures au-dessus des lacs de la Suisse orientale. Quelques jours après, sir H. Maxim, adepte convaincu du plus lourd que l’air, dans une « interview » retentissante, n’hésitait pas à déclarer ce succès plus apparent que réel, et prédisait à ce dirigeable, comme à tous les autres, une existence éphémère. En effet, le 5 août suivant, après un voyage d’environ 24 heures, interrompu, la veille, pendant près de quatre heures, après onze heures de marche, par une avarie de moteur, — a-t-on dit, — le ballon allemand, dénué de lest, vidé de gaz, s’abattait sur un pré, aux environs de Stuttgart. C’est en vain qu’il demandait du secours, 500 tubes d’hydrogène, à son port d’attache ; à 3 heures du soir, la prophétie de sir H. Maxim se réalisait : le vent s’élevait, le dirigeable, s’arrachant à ses ancres, prenait feu, et, en quelques instans, passait à l’état de souvenir.

Bien à tort, suivant nous, on a comparé cet accident à celui de la Patrie. Si une circonstance fortuite, l’impossibilité de faire fonctionner la corde de déchirure, n’en avait empêché le dégonflement, ce dirigeable nous eût été conservé ; tandis que les ballons rigides du type Zeppelin, même vidés, offriront toujours une énorme prise au vent. Quant aux causes primordiales de l’échec subi par la science allemande, inutile de les chercher bien loin : de l’énorme poids mort qu’entraîne l’emploi d’une ossature métallique résulte une insuffisance navrante dans la provision de lest, et, d’autre part, cette ossature ne permet pas de multiplier assez les points d’attache pour amarrer le ballon, une fois qu’il est à terre, d’une manière véritablement