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orthoptères, où de grands plans battraient l’air orthogonalement, ils arriveraient à leurs fins. Erreur grave ! La buse, cet oiseau si calomnié, se garde bien d’être orthoptère ; elle sait qu’elle ne soulèverait ainsi que le dixième de son poids, — S. Drzewiccki l’a mathématiquement établi. Comme les camarades, elle incline ses ailes pour donner le coup, et les déforme en le donnant, ce qui lui permet, en utilisant le pouvoir portant de son corps et de sa queue, de soulever, tout en se propulsant, la totalité de ce poids : elle est, en définitive, ornithoptère, nom que l’on a récemment et prudemment donné aux appareils qui tendent à réaliser la locomotion aérienne en imitant le vol à ailes battantes des oiseaux (vol ramé). Ce changement de nom, reconnaissons-le, ne les a pas aidés à voler ; tout de même, l’idée n’est peut-être pas si mauvaise d’organes remplissant à la fois le rôle de propulseur et celui de sustentateur. A vrai dire, on reproche aux partisans de ce genre de vol de chercher à utiliser les moteurs actuels pour engendrer des mouvemens alternatifs, alors qu’ils ne produisent aisément que des mouvemens rotatifs. L’argument, examiné de près, ne nous semble pas péremptoire ; mais enfin, quels que soient les mérites de ceux qui travaillent dans cette voie et sans vouloir préjuger de l’avenir, les ornithoptères n’ayant rien ou presque rien donné, nous nous ferons un devoir, ici, de n’en point parler.

L’hélice a sur l’aile de l’oiseau l’avantage d’agir sans intermittences, contribuant ainsi, dans toutes les parties de sa structure, à sa destination. De là cette faveur dont elle jouit aujourd’hui, et la construction des machines volantes dites hélicoptères, où la propulsion et la sustentation sont assurées par des hélices, les organes de propulsion (hélices à axe horizontal, à grand pas et à petit diamètre) étant, en général, séparés des organes de sustentation (hélices à axe vertical, à petit pas et à grand diamètre). Mais, jusqu’à présent, le gyroplane Bréguet-Richet est l’unique volateur de ce genre qui se soit élevé, de lui-même, un peu au-dessus du sol, avec son moteur et son conducteur. C’est peu, et c’est tout ! La classe des hélicoptères, dans cette étude, sera donc laissée de côté, comme la précédente. Seule, la troisième classe de volateurs, celle des aéroplanes, nous occupera, et c’est justice !

Seuls, en effet, ces appareils, dans lesquels on imite ce qu’on appelle, chez les oiseaux, le vol plané, — ce genre de vol où