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l’animal, les ailes complètement déployées, mais immobiles, s’abandonne à la vitesse acquise, qu’il entretient, de temps à autre, par un coup d’ailes, — ne nous ont-ils pas donné ce spectacle stupéfiant d’une machine infiniment plus lourde que le volume d’air qu’elle déplace, s’ébattant pendant des heures dans l’atmosphère, au gré de son conducteur, et qui en est presque arrivée à regarder en face et à défier le plus subtil, le plus sournois, le plus redoutable de ses ennemis, le vent ? Tant il est vrai « qu’après six mille ans d’observations, l’esprit humain n’est pas épuisé, qu’il cherche et qu’il trouve encore, afin qu’il connaisse qu’il peut trouver jusques à l’infini, et que la seule paresse peut mettre des bornes à ses connaissances et à ses inventions ! »

Parlons donc des aéroplanes, et des aéroplanes seuls.


I

En principe, un aéroplane est un appareil indéformable composé : 1° d’un carreau de toile ou d’étoffe légère tendue, (surface portante, voilure) relevé sur l’horizon d’un certain angle (angle d’attaque) ; 2° d’une nef (corps de l’aéroplane) aussi légère que possible, orientée suivant Taxe longitudinal de la surface portante, rattachée à cette surface et portant un moteur, un propulseur (l’hélice, jusqu’à nouvel ordre) et un voyageur au moins, l’aviateur, le moteur et le propulseur ayant pour rôle d’imprimer à l’aéronef, dans le sens de son axe, une vitesse horizontale capable de le propulser et de le soutenir dans l’espace, la sustentation étant la conséquence de la propulsion. Comment ce phénomène se produit, c’est ce qu’il est aisé de comprendre, si l’on remarque que les molécules de l’air ambiant, — que nous supposerons, pour plus de simplicité, absolument calme, — brusquement heurtées par la face inférieure du carreau, engendrent nécessairement, par leur résistance au mouvement dont il est animé, une force normale à la surface portante, dirigée obliquement de bas en haut (résistance de l’air) et appliquée en un point (centre de pression) d’autant plus rapproché, — l’expérience le prouve, — du bord antérieur de cette surface que l’angle d’attaque est plus faible. Or la force ainsi produite peut se décomposer en deux autres : l’une, horizontale, directement opposée à la force de traction due au mouvement