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l’énergie que demande la production de cette force et de la vitesse de régime se trouve, elle aussi, très réduite : 25 chevaux-vapeur (25 H. P.), à peu près, pour le Wright. D’ailleurs, nos lecteurs le savent (voir les Dirigeables, n° du 15 juillet 1908), le moteur à essence, « si puissant par rapport à son poids, si pratique par son approvisionnement, si peu dangereux par l’absence de tout foyer, si ramassé sur lui-même, » pouvait seul leur procurer cette force motrice, la première qualité du moteur d’une machine volante étant, de toute évidence, une légèreté qui permette de le loger à bord : celui du Wright, pesant environ 90 kg, avec ses accessoires, abstraction faite de la provision d’essence, et qui fournit le cheval à 3 kg. 5 environ, présentait donc toutes les qualités requises. Cependant, la légèreté du moteur, si importante qu’elle soit, n’est pas tout : il lui faut encore la sûreté de marche, l’endurance nécessaire ; on sait combien le moteur Wright a montré, à cet égard, sa supériorité sur les moteurs extra-légers, de 2 kg. par cheval environ, imaginés par quelques-uns de nos ingénieurs qui, pour arriver à leurs fins, les avaient privés de certains organes importans. Aussi l’ingénieur avisé qu’est M. J. Armengaud n’a-t-il pas rendu un mince service à l’Aviation française, en forçant ces constructeurs, par la fondation d’un prix destiné au premier de nos sportsmen qui se serait maintenu un quart d’heure en l’air, à rétablir les radiateurs. Puis, si désirables que soient des appareils donnant le cheval à 1 ou 2 kg., et doués d’une endurance satisfaisante, la question, toutefois, ne presse pas autant qu’on pourrait se l’imaginer ; nous verrons plus loin qu’on peut beaucoup demander à de simples moteurs d’automobiles, pesant 3 à 4 kg. par cheval, comme celui des Wright, et, par conséquent, d’une sûreté de marche très satisfaisante.

Ici, une parenthèse.

On s’est quelquefois demandé si, à l’aide d’un ingénieux appareil actionné par notre propre force, nous ne pourrions, avec un élan suffisant, nous élever dans l’espace. A première vue, on peut admettre, en effet, que la loi du carré des vitesses puisse nous permettre, avec une allure assez rapide et une inclinaison convenable, de nous soutenir dans l’atmosphère ; mais le fait brutal que le moteur humain ne donne le cheval que sous un poids de 1 000 kg., alors que l’expérience et le calcul ont amplement démontré, — et depuis longtemps, — qu’au-dessus de 10