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il faut donc, en général, provoquer cette inclinaison, qui doit être d’autant plus grande que l’allure est plus rapide. Mais pour un aéroplane, il n’en est heureusement pas de même, par suite de l’intervention d’un nouvel élément, l’envergure de la voilure. Il est évident, en effet, que dès qu’on fait tourner l’appareil, l’aile extérieure, dirigée vers l’extérieur de la courbe décrite, — nous supposons un monoplan, mais nos raisonnemens s’appliqueraient aussi bien à un biplan, un triplan, etc., — se trouve animée d’une vitesse linéaire supérieure à celle de l’aile intérieure, dirigée vers l’intérieur du tournant ; dès lors, la résistance de l’air agit plus fortement sur l’aile extérieure que sur l’aile intérieure, la composante de soulèvement est plus grande sur la première que sur la seconde et, par suite, l’aéroplane s’incline de lui-même vers le centre de la courbe décrite, en faisant avec l’horizontale un angle qu’il n’y a plus qu’à régler. En même temps, d’ailleurs, la valeur totale de la composante de soulèvement se trouvant diminuée, l’appareil tend à s’abaisser, d’autant moins, cependant, que le virage se fait sur un rayon plus étendu.

2°, Dès que l’autoplaneur, le gouvernail horizontal étant convenablement incliné, prend son essor, l’hélice mord dans l’air et le résultat de sa rotation est le même, que l’air ambiant soit calme, comme nous l’avons supposé jusqu’à présent, ou qu’il soit animé, dans toute son étendue, d’un mouvement horizontal de translation. Il en résulte que, si l’hélice imprime à l’aéroplane une vitesse absolue de 15 mètres à la seconde, par exemple, dans un air calme, c’est encore la même vitesse qu’elle lui imprimera dans le lit du vent, et que tous les grands principes que nous avons exposés restent vrais, ou peu s’en faut, dans une atmosphère en mouvement, si ce mouvement est régulier et horizontal. Il est clair, alors, que si le vent est debout et possède, par exemple, une vitesse de 10 mètres à la seconde, l’appareil ne fera que 5 mètres par rapport au sol, tandis qu’avec un vent arrière de même vitesse, c’est 25 mètres par seconde qu’il ferait. Ainsi, tout se passe pour un volateur comme pour un dirigeable : par rapport au sol, les vitesses s’ajoutent s’il y a vent arrière, se retranchent s’il y a vent debout et, dans ce dernier cas, si la vitesse du vent venait à égaler la vitesse absolue de l’appareil, celui-ci serait incapable de prendre son vol, ou bien, s’il était déjà dans les airs, paraîtrait immobile au