Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

spectateur. Cette loi fondamentale, trop souvent ignorée, ne doit jamais être perdue de vue quand on parle de vitesse en matière d’aviation.


II

Ceux de nos lecteurs qui n’ont pas complètement oublié l’article du 15 mars 1901 publié dans la Revue, savent depuis longtemps que tout semble indiquer que le premier volateur ayant réellement quitté le sol, avec son moteur et son pilote, par les seuls moyens du bord, est l’Avion, d’Ader (14 octobre 1897). Mais la disproportion entre le résultat espéré et le résultat obtenu, la somme relativement énorme engloutie dans la construction et les essais de cette machine, détournèrent, à cette époque, notre gouvernement et nos ingénieurs de tout ce qui avait trait à l’aviation. Morte en France, c’est en Amérique qu’elle devait renaître, sous l’énergique impulsion de Chanute qui, protagoniste convaincu des méthodes de Lilienthal, poussa et encouragea les frères Wright dans la voie où ils allaient trouver le succès, la gloire et… l’intelligence généreuse de M. Lazare Weiller.

Leur histoire décèle leur race : travailleuse, froide, méthodique, positive, avec une pointe d’humour et, parfois, une certaine témérité. En 1900, ils construisirent un biplan, différant de tous ceux dont on avait usé jusqu’alors par deux modifications importantes : tout d’abord, ils placèrent le gouvernail d’altitude à l’avant, — nos lecteurs savent pourquoi ; — puis ils eurent l’idée originale, et dont la réalisation ne paraissait pas exempte de tout danger, de coucher l’aviateur à plat dans l’appareil, au lieu de le laisser debout, accroché comme il pouvait et forcé d’atterrir sur ses pieds, ainsi qu’on avait fait jusque-là. En même temps, ils augmentèrent l’épaisseur et le poids du châssis, le pourvurent d’une paire de patins et le disposèrent pour glisser de l’avant sur le sable au moment de l’atterrissage, afin d’obtenir l’arrêt. Comme ces dispositions requéraient des conditions particulières, ils choisirent comme terrain d’expériences les dunes désertiques de Kitty-Hawk, dans la Caroline du Nord, au bord de l’Atlantique, à plus de 1 300 kilomètres de leur domicile habituel, Dayton (Ohio), leur ville natale. Vers la même époque, l’idée leur vint aussi de rendre le