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d’ailes en forme de V très obtus : c’est la disposition de celles de la buse quand elle plane, mais il importe de remarquer que cet oiseau ne sort point par les très grands vents. D’ailleurs, les Wright affirment qu’elle ne peut être de quelque utilité qu’en temps calme et qu’elle a, en tout cas, le grave défaut de faire osciller indéfiniment le volateur, ce qui n’est pas précisément l’idéal rêvé. Ils préfèrent de beaucoup le A ou, pour être plus exact, la forme concave que donnent les mouettes à leurs ailes, dans le sens transversal, pour lutter contre la tempête, et c’est en raison de cette préférence qu’ils ont arqué dans ce sens les bords latéraux de leurs plans sustentateurs, ce qui présente encore l’avantage d’emprisonner, mieux les filets d’air porteurs dont il a déjà été question ; si l’on ajoute à cette première précaution l’influence d’une sorte de biplan. vertical fixe, installé entre les deux plans du gouvernail horizontal, dont le but est de venir en aide au gouvernail vertical pour l’amortissement du mouvement de conversion que produit le gauchissement, on voit qu’une certaine dose d’automatisme dans l’équilibre de leur appareil, dose qu’ils augmentent, parfois, en plaçant un ou deux grands plans verticaux entre les ailes, a été reconnue indispensable par les Wright eux-mêmes. Mais G. Voisin, dans ses aéroplanes, ne s’est pas contenté de si peu, voulant, avant tout, rendre absolument inutile la manœuvre du gauchissement. Laissant les ailes faire tranquillement leur office, il a eu recours à un système d’empennage vertical (comme disent les techniciens) aussi simple qu’efficace : prenant modèle sur les cerfs-volans de Hargrave, il a fermé latéralement son biplan par des pans d’étoffe verticaux tendus, et l’expérience lui a montré que, dans ces conditions, le frottement de l’air sur les flancs de l’appareil devient si intense que la force centrifuge s’en trouve presque annulée, l’inclinaison très atténuée et, par conséquent, les virages facilités.

Ce résultat n’a, d’ailleurs, rien de très extraordinaire. Il ne faut pas s’exagérer, en effet, l’inclinaison des ailes dans un mouvement tournant : si, pour fixer les idées, nous supposons que leur envergure soit de 10 mètres (c’est celle d’un Voisin), et que le virage s’effectue sur un rayon de 100 mètres, il est facile de calculer que la diminution de force portante, d’une extrémité à l’autre des surfaces, n’est, quelle que soit la vitesse, que de 19 p. 100, c’est-à-dire peu de chose. Il est vrai que pour une