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permet guère de s’élever à plus d’une centaine de mitres. C’est dire qu’aujourd’hui ni les Wright, ni les Voisin ne peuvent faire une concurrence sérieuse aux dirigeables, comme la République, qui peuvent s’élever facilement à des hauteurs où nul projectile ne saurait les atteindre, qui ont à peu près la même vitesse, une capacité de transport beaucoup plus considérable, qui constituent enfin des postes d’observation de premier ordre, mais qui, malheureusement, nous l’avons déjà dit et nous le répétons, coûtent vingt fois plus cher.

En réalité, pour qu’un aéroplane puisse servir d’éclaireur, il lui faut non seulement une certaine capacité de transport, mais surtout de la vitesse, d’abord, pour avoir quelques chances d’échapper à l’ennemi, ensuite pour être à même de sortir tous les jours et par tous les temps à peu près ; or, si l’on consulte la courbe qui donne la fréquence et la vitesse des vents en France dans l’année, on voit que pour obtenir ce résultat il faudrait le doter d’une vitesse propre d’environ 50 mètres (180 kilomètres à l’heure). Les vents supérieurs à 25 mètres ne soufflant guère qu’un jour sur douze, on pourrait donc, avec cette vitesse, obtenir, onze jours sur douze, vent debout, un minimum de 25 mètres à la seconde, soit 90 kilomètres à l’heure, c’est-à-dire qu’en définitive, on serait en possession d’un automobile qui n’irait pas beaucoup plus vite que ses confrères terrestres, mais aurait sur eux l’immense avantage de pouvoir se rendre, par la voie la plus directe, d’un point à un autre, malgré tous les obstacles. La chose est-elle possible aujourd’hui ? Non, sans doute. Le sera-t-elle demain ? Oui, nous le pensons, et nous ne sommes pas seuls de cet avis.

Calculons, en effet, faire des surfaces portantes d’un aéroplane du type Wright, par exemple, pesant 1 000 kg., et possédant cette vitesse de 50 mètres : nous trouverons en raison de cette vitesse, un chiffre assez faible : 5m, 7 environ, soit deux plans sustentateurs ayant à peu près 2m, 90 d’envergure sur 1 mètre de profondeur, dimensions assez réduites, observons-le en passant, pour enlever toute raison d’être au gauchissement. En admettant que le rapport de la force de traction au poids de l’appareil reste le même, c’est-à-dire un cinquième environ, nous trouvons que cette force sera de 200 kg. Si nous tenons compte du rendement des hélices et des pertes dues à la transmission, et si nous évaluons ces pertes à 35 p. 100 (nous