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supposons exact le chiffre donné par Wright pour le rendement de ses hélices), il faudra que la puissance du moteur employé soit de 200 chevaux environ : à 1kg, 5 par cheval, cela nous donnera 300 kg. Si le poids de l’aéroplane, moteur non compris, est de 450 kg. (car il faut prévoir, pour ces vitesses énormes, si on le veut robuste, une augmentation de poids considérable), il restera 250 kg. disponibles. Avec un pilote pesant 70 kg. environ, 180 kg. pourront être affectés à la provision d’essence ; or on peut admettre que le maximum d’essence dépensé en une heure sera voisin de 90 kg. L’aéroplane pourra donc marcher pendant deux heures au moins, temps suffisant pour une reconnaissance, puisque, en général, il pourra faire du 90 à l’heure, et que, s’il a vent debout en allant, il aura vent arrière au retour, et réciproquement. Mais le problème comporte une autre solution : supposons, en effet, que l’on arrive, d’ici peu, à réduire de moitié, c’est-à-dire à 1/10e, le rapport de la force de traction au poids de l’autoplaneur. Du coup, la puissance nécessaire pour mettre en marche l’appareil tombe à 100 chevaux, force qu’un moteur tel que celui du Wright peut dès à présent fournir, avec un poids de 350 kg. au plus. L’appareil pesant 450 kg., il restera 200 kg. disponibles ; mais 90 kg. d’essence suffiront alors pour marcher pendant deux heures, d’où, si l’aviateur pèse 70 kg., comme nous l’avons supposé tout à l’heure, un gain de 40 kg. dont on pourra disposer soit pour allonger le parcours, soit pour toute autre fin. Il est vrai que des surfaces portantes réduisant à 1/10e la force de traction n’existent pas encore, pas plus qu’il n’existe de moteurs donnant le cheval à 1kg, 5, accessoires compris. Mais en cherchant à diminuer, d’une part cette force, d’autre part, le poids du cheval, on doit arriver avant peu, fatalement, au résultat poursuivi. N’atteindrait-on, d’ailleurs, que 40 mètres de vitesse, soit 144 kilomètres à l’heure, que cette solution ne serait pas à dédaigner, toujours au point de vue militaire. Que si l’on objectait que nos calculs sont peut-être un peu aventurés, nous n’y contredirions pas, nous contentant de faire observer qu’ils ont au moins le mérite d’indiquer dans quelle voie devrait s’orienter une usine d’aéroplanes qui ne serait pas un établissement d’essais, mais se consacrerait, par exemple, à la construction de biplans d’un type donné, créant ainsi une nouvelle branche d’Industrie.

Toutefois, de même que la puissance de pénétration des différentes