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Mary Clarke à Claude Fauriel.


[1830]

Je vous prie de ne point vous engager pour dîner nulle part samedi prochain parce que… et si vous vouliez ne vous engager jamais que le moins possible, cela me ferait bien plaisir : vous savez bien ce que je veux dire, n’est-ce pas ? d’ailleurs, j’ai tant de plaisir à vous voir, que tout le plaisir que vous pourriez faire aux autres ne ferait pas la millième partie du mien : ainsi c’est une bien mauvaise manière d’employer votre capital que d’en disposer ailleurs.


Claude Fauriel à Mary Clarke.


Paris, 27 octobre 1840.

J’ai reçu hier, chère amie, dans le courant de la journée, votre lettre de Londres du 24 de ce mois, et je réponds au plus pressé, en laissant de côté les dix mille et une choses que j’aurais à vous écrire, si je voulais tout vous dire aujourd’hui. Je ne puis vous exprimer mon regret de l’impossibilité où je me trouve d’accepter l’aimable invitation de la plus aimable des familles ; mais là-dessus, je ne suis pas même le maître de délibérer : je suis en ce moment obligé de donner une portion considérable de mon temps à la part de travail dont je suis chargé par mon Académie, et dont la terminaison est réclamée et attendue par la presse. J’ai usé et abusé de tous les délais possibles, au point qu’il y aurait un véritable inconvénient à les prolonger, si peu que ce fût. Il me serait aussi facile qu’agréable de travailler pour mon compte chez Mme Nightingale[1]. Mais les bouquins académiques ne se font qu’avec beaucoup d’autres horribles bouquins que je frissonnerais d’emporter en si honnête lieu, lors même que la chose me serait possible. Veuillez donc bien, je vous en conjure, être l’interprète de mes regrets auprès de vos hôtes, et soyez bien sûre que vous n’en trouverez pas qui les surpassent. Il fait ici un temps infâme, mais il me semble que je trouverais là-bas avec du soleil, avec un air doux, avec des

  1. Les Nightingale étaient de riches propriétaires ruraux. Miss Florence, qui vit encore, s’est illustrée en organisant les secours aux blessés pendant la guerre de Crimée, et en prenant l’initiative des mesures internationales pour leur protection. Miss Parthenope épousa sir Harry Verney, membre du Parlement. (Communication de M. de Mohl.)