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cette écriture. Une adresse sur du papier blanc m’aurait ravie. Les leçons que j’ai, qui ne sont pas du copiste, étaient comme un portrait de vous, et souvent je me suis arrêtée dessus pour l’écriture seulement, sans penser au sens des paroles. M. Hartopp, notre ministre, a quelque chose qui vous rappelle sans vous ressembler le moins du monde, — l’expression de ses mains ressemble à celle des vôtres, il a de vos poses ; j’ai été quelquefois obligée de quitter le salon, ne pouvant me contenir en le regardant ou quand, en arrivant, il me serrait la main. Je suis sûre que si vous aviez pu un instant vous représenter l’effet d’une lettre sur moi, vous m’eussiez écrit, car vous eussiez écrit à la créature du monde qui vous serait la plus odieuse pour lui faire un si immense plaisir et calmer tant de tourmens.

M. Mohl m’a seulement écrit que pendant le dernier temps que j’étais malade, vous étiez venu tous les jours savoir de mes nouvelles. C’est tout ce que j’ai su de vous, et j’ai pensé que votre silence ne pouvait venir que d’un sentiment de colère ou au moins de fâcherie contre moi. Et comment le supporter ?… Je ne savais point que vous eussiez été attristé par des morts. Il ne m’a pas dit un seul mot de vous, sinon que vous vous portiez bien et que vous pouviez publier un volume cet hiver.


Claude Fauriel à Mary Clarke.


[Sans date.]

Je suis désolé de votre mal de gorge et de ce que vous souffrez ; et Dieu sait si je voudrais pouvoir faire quelque chose pour vous soulager ! Vous me demandez si j’aurai le pouvoir de ne point vous contrarier jusqu’au moment de votre départ. Comme je n’ai jamais eu et n’aurai jamais la moindre volonté de vous faire le moindre mal, ce ne pourrait être que malgré moi, à mon grand regret, et sans avoir pu le prévoir, que je vous en ferais. Je n’ai donc point de promesse à faire à cet égard : je n’ai qu’à vous renouveler une protestation qui ne peut pas changer. C’est à vous à juger de ce qui vous est bon à cet égard : je me conformerai à votre volonté. Mais comme ce serait, pour moi, une grande privation et une vraie douleur de ne pas vous voir comme à l’ordinaire, j’attendrai que vous m’ayez là-dessus exprimé votre volonté définitive. Il m’en coûtera de vous obéir, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit.