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mesure qu’ils furent rédigés, les divers catéchismes généraux qui s’étaient partagé la faveur publique, tels que ceux de Bellarmin, de Canisius, de César de Bus, de Ledesma, de Richelieu. Dans les établissemens de la Visitation, saint François de Sales avait fixé l’âge de la première communion à onze ans au plus tard, sauf pour les enfans arriérés.


Qu’avait pu faire cette éducation des jeunes filles des différentes classes qui l’avaient reçue, quel rôle les avait-elle préparées à jouer dans la société où elles allaient entrer ? Remontant au delà de la période qui, rigoureusement, limite notre étude, nous avons montré l’enthousiasme intellectuel de la Renaissance impuissant à triompher des idées traditionnelles sur l’éducation et la mission sociale de la femme, l’importance constante attachée à l’instruction populaire, envisagée surtout comme sauvegarde de la foi, cette instruction de plus en plus atteinte par le prosélytisme protestant et les guerres religieuses et, au moment où elles finissent, puisant dans l’esprit congréganiste une vigueur nouvelle. Mais, qu’il périclite ou qu’il soit florissant, l’enseignement féminin s’inspire de la même idée et s’applique avec prédilection au même but : la méfiance de la nature féminine, la préoccupation de la prémunir contre les entraînemens, de tenir toujours les jeunes filles occupées, à la fois pour les protéger contre les tentations de l’oisiveté et pour les préparer à gagner leur vie et à tenir leur intérieur. La plupart des œuvres populaires du milieu du XVIIe siècle font une place au travail ménager et professionnel. La couture, le travail manuel ; les ouvrages de femmes font partie du programme des Filles de la Croix, des Filles de Sainte-Geneviève, de la Congrégation de Saint-Joseph. Les pauvres filles que la charitable veuve Rousseau, — Marie de Gournay, — faisait élever gratuitement au faubourg Saint-Germain par des maîtresses qui prirent plus tard le nom de Sœurs de l’instruction chrétienne, leur devaient surtout un gagne-pain. L’orphelinat de la Miséricorde plaçait ses pensionnaires en apprentissage. La Compagnie du Saint-Sacrement mettait aussi en apprentissage des enfans sur lesquels elle exerçait une surveillance et un patronage. Elle songeait à établir à Paris des cours de coiffure, de blanchissage et des cours d’infirmières. Les Filles de Sainte-Marthe, vulgairement appelées les Magneuses, établies à Reims en 1634,