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d’une façon spéciale. C’est grâce à cette spécialité à laquelle ils joignaient celle de l’arithmétique, et où ils atteignaient naturellement un plus grand degré de perfection, que les maîtres-écrivains conservèrent la préférence d’une partie du public. Souvent on se passait d’eux, mais leur art n’en paraissait pas moins digne de grands efforts à cause du prestige que lui avaient donné leurs ancêtres, les scribes du moyen âge et de la difficulté même qu’ils s’appliquaient à y maintenir. On peut juger de cette difficulté par le chef-d’œuvre que la corporation demandait au candidat à la maîtrise, et qui consistait à fournir des échantillons de son savoir faire dans dix genres de calligraphie différons. De ces types variés plusieurs n’étaient en usage que dans certaines administrations ; l’écriture courante ne connaissait que la française ou ronde et l’italienne ou bâtarde. Sous Louis XIII, le Parlement de Paris voulut faire fixer ces types vulgaires. Il demanda aux maîtres-écrivains d’en adopter et de lui en soumettre des modèles et décida, par un arrêt du 26 février 1633, que ces modèles de ronde et de bâtarde exécutés par deux calligraphes célèbres, Louis Barbedor et Le Bé, seraient exclusivement employés. Tout en restant bien loin de la dextérité technique des maîtres-écrivains, beaucoup de maîtresses, dans les écoles urbaines, écrivaient assez bien pour donner à leurs élèves une écriture passable. Quand elles en étaient incapables, elles se servaient d’exemples imprimés ou à la main, ou elles avaient recours à une maîtresse plus habile, quelquefois même à un maître-écrivain, qui donnait la leçon devant elles.

Les enfans apprenaient à compter au jet et à la plume. Pour le calcul au jet, on se servait de trente-six jetons qui, suivant leur position sur une table divisée en colonnes, représentaient des quantités différentes en livres, sols et deniers.

L’orthographe qu’on enseignait était, en l’absence de règles absolues, l’orthographe usuelle. On a tout dit sur son irrégularité et cependant, longtemps plus tard, Mme de Maintenon trouvait qu’on y attachait encore, ainsi qu’à l’écriture, trop d’importance.

Il est impossible d’entrer dans le détail des exercices religieux dont la place était pourtant si grande dans l’éducation féminine. Contentons-nous de dire que, dans les écoles paroissiales et les petites écoles, on faisait le catéchisme deux fois par semaine et que les catéchismes diocésains remplacèrent, à