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Quillan et Alet. Alet, que ses sources thermales et le chemin de fer de Carcassonne à Quillan, Axat, Saint-Paul et Rivesaltes ont civilisé aujourd’hui, bien que le chiffre de la population soit à peu près le même qu’alors, était une pauvre bourgade, composée de quelques maisons mal construites et branlantes, et habitée par de très pauvres gens. A la fin du siècle, il y avait 162 familles dans la cité épiscopale, c’est-à-dire qu’elle ne comptait pas un millier d’âmes. C’était bien la digne capitale de ce triste diocèse, qui ne possédait guère plus de six mille feux et de trente mille habitans, où la majeure partie de la population de 111 paroisses se composait de paysans « dans la neige la moitié de l’année, » et dont le terroir, sec et aride, ne produisait qu’en petite quantité « du blé, du seigle et du vin. » Ni industrie, ni commerce, si ce n’est au bourg de Quillan, qui exploitait les bois des Corbières ; mais Saint-Paul vivait surtout de sa collégiale, et Alet de son palais épiscopal, si l’on peut appeler ainsi une demeure qui a conservé encore, pour parler comme Lancelet, « assez bonne mine par dehors, » mais qui n’était à l’intérieur qu’une grande baraque, où l’eau, qui entrait de toutes parts, avait dégradé les murs et détruit les planchers. Car parmi les prédécesseurs de Pavillon, ceux qui résidaient faisaient leur séjour ordinaire du château de Cornanel, propriété épiscopale à l’entrée du diocèse et dont on aperçoit encore les restes sur la route de Limoux à Alet. Ce triste éévêché n’avait, même pour cathédrale (Notre-Dame-d’Alet, — autrefois une église magnifique, — ayant été ruinée par les huguenots) que l’ancien réfectoire de l’abbaye des Bénédictins à laquelle l’évêché avait succédé au XIVe siècle : c’était à peine une église annexe de hameau, avec sa nef non pavée et sa voûte de bois à demi pourrie ; si dénuée de tout, qu’à l’arrivée de Nicolas Pavillon, elle ne possédait que deux ornemens pour la célébration de la messe et des offices.

Les revenus de l’évêque étaient en rapport avec la pauvreté du diocèse. Un extrait du verbal du synode du diocèse d’Alet, tenu en 1651, nous en donne le détail par paroisses. Le total est bien minime. Un peu plus tard la Description de la province de Languedoc, faite sous l’intendance de d’Aguesseau, évalue à 16 000 livres les revenus de l’évêque d’Alet, et le Mémoire de l’intendant de Bâville les porte à 16 500 livres. Seul dans toute la province, l’évêque de Saint-Papoul a un revenu moindre. Or