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seraient portées au Parlement de Grenoble. Mais là encore M. de l’Estang et ses associés devaient trouver des juges favorables et amis, et tout ceci nous ouvre un jour intéressant sur la conscience des magistrats du règne de Louis XIV. Mme de Bressac, sœur de M. Pourroy, président de la troisième chambre de ce Parlement et cousine germaine de M. Guillet, avocat général, avait en ce moment un procès de succession pendant au Parlement de Toulouse, et le conseiller de l’Estang, père de notre doyen, était juge dans ce litige. Aussi alla-t-elle, accompagnée de tous ses parens, solliciter de porte en porte les magistrats de Grenoble en faveur de M. de l’Estang pour être ensuite payée de reconnaissance à Toulouse et y gagner son propre procès. Le Parlement de Grenoble rétablit MM. de l’Estang et Rives dans leurs fonctions et dignités, et déclara un peu plus tard, par un décret du 5 septembre 1664, que l’arrêt du Parlement de Toulouse du 24 juillet de cette même année, relatif aux danses et à l’observation des dimanches, serait de plein droit exécutoire.

Ce fut alors que le Roi, par un arrêt du Conseil du 15 septembre 1665, évoqua le jugement des affaires multiples de l’évêque d’Alet avec les insoumis de son diocèse. Les réguliers, qui, selon leur tactique ordinaire, avaient, au mépris du Concordat, obtenu de la papauté un bref qui renvoyait la connaissance de leur différend avec Pavillon à l’évêque de Vabres, M. Habert, qui avait jugé conformément à leur désir, et, par esprit sans doute de charitable confraternité, leur avait permis de confesser, de prêcher et de quêter dans le diocèse d’Alet, furent obligés, eux aussi, de porter leur cause devant le Conseil. Avec un bon sens et une justice qui ne se démentirent point dans toute cette affaire, où la cause de Pavillon était d’ailleurs un peu la sienne : — la cause de l’ordre public autant que de l’ordre religieux, — la royauté commit pour l’examen et le jugement de ces divers procès une double série de commissaires spéciaux. La première série composée de M. Colbert, évêque de Luçon, des abbés Le Camus, Benjamin et Chéron, de MM. Le Nain, de Voyer d’Argenson, maître des requêtes, et Pinson, avocat au Parlement de Paris, fui chargée d’examiner le différend entre les chanoines et leur évêque. L’autre, composée de l’archevêque d’Arles (de Monteil de Grignan), des évêques de Chartres (Neufville de Villeroy), de Mende (Servoni), de Mâcon (Colbert