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troupeaux dans la brousse décorée du nom de forêt et se voyaient appliquer jusqu’en ces dernières années toutes les rigueurs du code forestier. Leur dénuement était extrême. Déjà, ils avaient, il y a une quinzaine d’années, fait entendre leurs plaintes devant la Commission sénatoriale de l’Algérie. La délégation qui visita le 12 mai 1892 leurs douars, et qui était composée de MM. Jules Ferry, Labiche, Combes, Isaac, entendit leurs tristes doléances. « L’administration ne s’occupe pas de nous, disaient-ils. Si l’Etat ne nous écrasait pas d’impôts, s’il nous concédait des terres du Domaine qui ne sont pas de vraies forêts, et si la caisse de prévoyance nous accordait des avances, nous sortirions certainement de notre misère. » On comprend, en présence de cette situation, quel terrain favorable ont présenté quelques années après aux excitations d’un fanatique les indigènes d’Hammam-Rirha.

La tribu des Ouled-Brahim-el-Amarna, voisine de Sidi-bel-Abbès, avait un territoire de 47 000 hectares. Le décret du 9 mars 1867 qui homologuait les opérations du sénatus-consulte répartit ce territoire entre trois douars-communes, Messer, Tirenat, Sidi-Yacoub, et une fraction, El-Amarna-Messer, comptait 26130 hectares composés ainsi qu’il suit : 129 hectares de domaine public, 410 de terres domaniales, 10 430 de forêts domaniales, 4 128 de communaux, 11 033 de terres melk ou arch de culture. A l’heure actuelle 991 hectares de communaux ont été classés dans le domaine forestier. L’agrandissement de Bou-Khanéfis, la création des villages de Tabia, de Boutin et de Mellinet ont amené un prélèvement net d’un millier d’hectares sur les communaux qui sont ainsi réduits à 2176 hectares. Quant aux terres melk et arch de culture, il n’en reste que 1 084 hectares sur lesquels la moitié sont hypothéqués.

Les 6 847 hectares de Tirenat comprenaient 5 939 de melk et d’arch, aujourd’hui tombés au-dessous de 2 500 hectares, et 817 hectares de communaux, réduits à près de 300. A Sidi-Yacoub, il reste 411 hectares sur les 8 064 hectares de melk qui existaient au moment du sénatus-consulte.

Quant à la fraction des Amarnas qui possédait 1 168 hectares de propriétés, elle en avait, dès 1879, aliéné 1 008 aux Européens.

Dans le douar Tiffilès, la situation des indigènes est plus grave encore. Ils n’ont plus un seul des 6 798 hectares de territoire melk reconnus en 1867, et il ne leur reste plus des biens