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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/469

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sur ce point les vœux de l’empereur d’Autriche et du Tsar. Neipperg plaidait chaleureusement la cause de Marie-Louise auprès des représentans des différentes Cours. « Ce qu’il empêchait surtout, — dit M. Welschinger, — c’était toute correspondance venue de l’île d’Elbe ou partie de Schœnbrunn pour cette île[1]. » L’Empereur, privé de nouvelles de sa femme depuis le 10 août, demandait le 10 octobre au grand-duc de Toscane la permission de lui adresser chaque semaine une lettre destinée à l’Impératrice et le priait de lui envoyer en retour des nouvelles de la mère et de l’enfant. L’épouse oublieuse de ses devoirs ne craignait pas d’afficher son goût pour le chambellan. Le Journal de Méneval porte continuellement cette mention : « musique particulière ce soir avec le général. » Un soir, Bausset et Méneval se retirent par discrétion à huit heures et demie pour laisser seuls l’archiduchesse et son favori. La petite cour de Schœnbrunn était divisée en deux camps : les serviteurs restés fidèles à Napoléon, c’est-à-dire Mme de Montesquiou et Méneval ; les partisans de Metternich, c’est-à-dire Mme de Brignole et Bausset. Ces derniers incitaient Marie-Louise à sacrifier la cause de son fils dans l’affaire des duchés italiens.

Le 23 décembre, l’archiduchesse reçut une lettre de Napoléon du 20 novembre, qu’un courrier de Toscane avait apportée. La lettre avait été communiquée aux souverains avant d’être remise à destination. Marie-Louise n’y répondit pas, ayant promis « de n’entretenir aucune correspondance avec son mari, sans le consentement de son père. » Le Congrès traînait en longueur. Neipperg s’efforçait d’agir auprès de Gentz pour faire aboutir les négociations concernant les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. Marie-Louise consentit enfin à renoncer pour son fils au droit de succession et promit de ne pas l’emmener en Italie. Le 22 février, le général recevait une mission pour Turin. Marie-Louise supplia l’empereur François d’ajourner le départ de Neipperg jusqu’à la conclusion des affaires de Parme. N’ayant pas obtenu une réponse assez catégorique de son père, elle s’adressa le 24 février à Metternich, qui consentit à contremander le départ de l’indispensable conseiller.


III

Le 7 mars, Marie-Louise apprit par Neipperg la terrible nouvelle du départ de l’île d’Elbe. Elle parvint à dissimuler son émotion qui

  1. Op. cit.