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avaient moins de solennité, étaient moins retentissantes que si elles avaient été prononcées par le ministre des Affaires étrangères ou par le premier ministre en personne.

« Quant au fond des choses, ce que sir Edward Grey avait dit, du cours du Nil, ne devait pas être considéré comme équivalent à une prise de possession ; ses affirmations représentaient seulement la thèse, la prétention (claim) de l’Angleterre. Cette thèse, cette prétention étaient combattues par la France, qui restait libre de ne pas les accepter et qui, en les contredisant, maintiendrait assurément sa position antérieure, LA QUESTION RESTAIT DONC OUVERTE AU DÉBAT. »

En plus, lord Kimberley aborda la question même de l’occupation anglaise en Egypte, base de la thèse de sir Edward Grey, et il reconnut que l’état de choses anormal créé par cette occupation ne pouvait se prolonger. « Je sais, ajouta lord Kimberley, que cette question d’Egypte est toujours ce qui vous tient à cœur et qu’elle est le plus sérieux motif de mésintelligence entre nos deux pays ; mais, quand je vous dis que les provinces soudanaises, une fois rendues à l’Egypte, suivront les destinées de l’Egypte, c’est avec la pensée que nous ne serons pas toujours responsables de ces frontières. Je vous assure que je vous parle en toute sincérité quand je prévois la fin de notre occupation. Je voudrais qu’elle pût cesser, que cette question ne fût plus un sujet d’irritation entre nous. La bonne entente entre nos deux pays vaut plus que cela ! »

A tous les points de vue, il importait de prendre acte de déclarations si importantes et de leur donner un caractère synallagmatique. Par de nouvelles instructions, adressées télégraphiquement à M. de Courcel, celui-ci fut prié de voir de nouveau lord Kimberley, de lui lire le compte rendu de l’entretien et de demander, au nom du gouvernement français, si ce compte rendu traduisait exactement la manière de voir du gouvernement britannique. Cette démarche eut lieu aussitôt. Lord Kimberley modifia, dans la dépêche de M. de Courcel, quelques expressions de détail, mais confirma, par une adhésion formelle, le texte de l’ambassadeur.

Ainsi, les déclarations de sir Edward Grey étaient corrigées et mises au point par le ministre lui-même. Non seulement elles n’étaient plus présentées que comme une réclamation (claim), mais lord Kimberley, tant pour l’affaire d’Egypte que