oublié la fameuse note, d’allure officieuse, publiée dans les journaux français du 17 mars 1896, d’après laquelle le ministre des Affaires étrangères, recevant l’envoyé de la Grande-Bretagne, l’avait prévenu qu’il « devait attirer son attention sur la gravité des conséquences que pouvait avoir la campagne du Soudan[1]. » Cette note passa presque pour comminatoire.
De grands débats s’engagèrent à la Chambre des communes. Si M. Balfour affirmait encore, au nom du gouvernement, le 20 mars : « Je puis énergiquement dire que l’expédition contre le Mahdi écartera une des difficultés que nous avons toujours senties être une insurmontable barrière à l’abandon immédiat du contrôle et de l’autorité anglaise sur l’Egypte, » M. Chamberlain, ministre des Colonies, ajoutait au milieu des rires et des applaudissemens : « La situation n’est pas altérée ; nous serons toujours aussi prêts que nous l’avons été jusqu’ici à prendre en considération toutes les propositions tendant à l’évacuation éventuelle de l’Egypte. »
Le nouveau ministre des Affaires étrangères français, M. Léon Bourgeois, interpellé à la Chambre, le 2 avril, se déclarait le ferme défenseur de la politique de la France dans la question d’Egypte et dans la question du Nil : « Nous ne pouvions rester indifférens aux conséquences d’une entreprise qui tendait à ajourner sine die l’exécution des engagemens pris. Devant de telles perspectives, le gouvernement de la République avait le devoir de ne pas laisser la prescription s’établir… Nos efforts comme ceux de nos prédécesseurs tendent à maintenir à la question d’Egypte son caractère européen… »
Quels étaient ces efforts ? C’est ici que nous allons discerner les véritables origines de la mission Marchand.
Le gouvernement britannique rendait sa résolution publique en demandant à la Commission de la Dette Egyptienne les sommes nécessaires pour entreprendre l’expédition sur Dongola. Le concours de l’Allemagne et des puissances de la Triple Alliance était acquis. Seules, la France et la Russie protestèrent et, comme pis aller, plaidèrent contre la Caisse de la Dette devant les tribunaux égyptiens.
C’était une bien faible ressource. On voulut faire quelque
- ↑ J. Darcy, Cent ans de rivalité coloniale, p. 402.