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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/576

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IV

Obtenir des ouvrières des renseignemens précis sur la durée de leur travail quotidien était, pour les enquêteurs, relativement facile. Déterminer le chiffre de leurs salaires était chose beaucoup plus délicate. Les ouvrières à domicile travaillent aux pièces. Leur salaire dépend donc de trois choses : du prix que les pièces leur sont payées ; du nombre d’heures qu’elles consacrent par jour à leur travail ; de la plus ou moins grande habileté qu’elles y déploient. Enfin, du salaire brut, il faut souvent déduire certaines fournitures qui, généralement, sont laissées à la charge de l’ouvrière, par exemple le fil et les aiguilles. Les enquêteurs de l’Office du travail ont tenu compte avec beaucoup de soin de tous ces élémens. On peut donc s’en fier à leurs dires, et les tristes constatations auxquelles ils sont, dans certaines circonstances, arrivés, méritent une plus grande confiance que les déclamations, parfois un peu vagues, de personnes excellentes.

Il y a deux manières d’établir les salaires des ouvrières employées à domicile dans une industrie quelconque : le gain horaire et le gain annuel. Les enquêteurs de l’Office du travail ont eu, avec raison, recours aux deux procédés. Ils se sont trouvés en présence de nombreuses difficultés, surtout pour le gain annuel qui est le plus intéressant, beaucoup d’ouvrières ne tenant, ce qui est assez naturel de leur part, aucune espèce de compte ; 417 ont pu cependant donner des renseignemens suffisamment précis sur leur gain horaire. Sur ce nombre, 4 gagneraient moins de 0,5 par heure, 51 de 6 à 10 centimes, 54 de 11 à 15 centimes, 45 de 16 à 20, 32 de 21 à 25,14 de 26 à 30,7 de 31 à 35,6 de 36 à 40, 4 de 40 à 50. Laissons de côté la première et les deux dernières catégories dont la première touche un salaire exceptionnellement bas et les deux dernières un salaire exceptionnellement élevé, vraisemblablement explicables par quelque circonstance particulière. Prenons la moyenne. Nous voyons que 105 ouvrières louchent un salaire horaire de 6 à 15 centimes, ce qui, en supposant dix heures de travail, donnerait au minimum 12 sous, au maximum 30 sous par jour. Il est certain que ce sont là des salaires affreusement bas, et qui expliquent pour quelques-unes