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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/596

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solution du problème qui préoccupe depuis si longtemps les légistes et tous ceux qui s’intéressent au sort des ouvrières malheureuses. » Il va même jusqu’à dire « que l’Association des tissus consent à s’intéresser à l’étude de cette question dont la solution serait si profitable à tous ceux qui souffrent de la rétribution insuffisante de leur travail. » À cette manifestation platonique s’est bornée jusqu’à présent la sympathie de la Chambre syndicale. Nous croyons cependant savoir que, pressée récemment de mettre de nouveau la question à l’étude d’une façon positive et pratique, elle ne s’y est pas refusée. L’espoir d’une entente inter-syndicale pour arriver à la fixation d’un minimum de salaire n’est donc pas tout à fait évanoui, et il faut s’en réjouir car la fixation à l’amiable d’un salaire minimum, peut-être difficile à réaliser dans la pratique, mérite au moins l’étude sérieuse que sollicite un patron aussi considérable que M. Lefébure, et une personne aussi au courant de la situation des ouvrières que Mlle Rochebillard.

En attendant que l’étude de cette question soit reprise, — et la menace d’une intervention législative contraindra peut-être les plus récalcitrans à la reprendre, — l’Angleterre va, suivant toute probabilité, tenter l’expérience de la fixation légale d’un salaire minimum. Si nous osions donner un conseil à nos législateurs, ce serait d’attendre le résultat de cette expérience avant de se lancer dans la même voie. Ce n’est pas, en effet, un des moindres dangers des interventions législatives trop minutieuses dans le monde du travail que d’aboutir à des conséquences imprévues, et, par des répercussions inattendues, de transformer en victimes ceux ou celles qu’on voulait protéger. Laissons donc nos voisins faire l’expérience. Si elle échoue, c’est eux qui en paieront les frais ; si elle réussit, nous en profiterons. Nous aurons tiré ainsi un nouveau bénéfice de l’Entente cordiale.


HAUSSONVILLE.