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de M. Chamberlain et dans la citadelle du néo-protectionnisme, une étape de plus a été franchie. Des esprits ardens rendaient responsable le leader, M. Balfour, de la défaite de janvier 1906. Indifférens au charme de ce gentilhomme, écrivain de race, philosophe subtil, musicien consommé, qui, pendant son premier ministère, écrivit un livre sur les Bases de la Croyance, la majorité des Unionistes se refusaient à lui pardonner les objections, qu’il avait cru devoir adresser au programme fiscal de M. J. Chamberlain. M. Balfour comprit que l’heure des capitulations avait sonné. S’il voulait rester leur chef, il devait suivre ses soldats. Devant le vote unanime des délégués, il renonce à la solution modérée, à la synthèse ingénieuse du protectionnisme et du libre-échangisme, qu’il préconisait, sous le nom de « représailles douanières. » Il accepte l’idée d’accorder des droits de faveur aux importations de denrées alimentaires, expédiées par les agriculteurs canadiens. Il s’engage, s’il revient au pouvoir, à convoquer immédiatement une nouvelle conférence intercoloniale, qui dressera le plan des tarifs différentiels impériaux. Il appose sa signature au bas du programme de la Tariff Reform League, dressé dès 1901 par M. J. Chamberlain, qui, sans partager les scrupules théoriques de son collègue écossais, s’était, avec une combativité toute saxonne, lancé immédiatement dans la voie de l’action pratique. Les divisions sont effacées. L’unité est rétablie. Les cadres sont reconstitués.

Cette réorganisation, les efforts de M. L. J. Maxse, l’éminent directeur de la National Review, et de lord Milner, fidèle, malgré ses lauriers de proconsul, aux souvenirs de l’apostolat de M. A. Toynbee, son camarade d’Oxford, pour former une avant-garde démocratique, — condition nécessaire de toute marche victorieuse, — ont permis aux unionistes de continuer, dans les circonscriptions, la bataille engagée à Westminster par les Lords, contre le radicalisme.

Le réveil du parti conservateur est un fait. Il se manifeste, au cours des élections partielles, par des gains de sièges et des déplacemens de voix également importans.

La fragilité des majorités électorales est un des traits caractéristiques de l’Angleterre contemporaine. Il s’explique par des causes multiples.