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contraire, aux cafetiers toutes les garanties d’une expropriation juridique de jour en jour plus coûteuse.

Le bill radical de 1908, par trois dispositions énergiques, accorde pleine et entière satisfaction aux apôtres de l’anti-alcoolisme. Sur 95700 tavernes existantes, 32 000 seront fermées d’ici à quatorze ans ; et les électeurs, dans chaque district paroissien, pourront s’opposer à l’ouverture de tout nouveau débit. Les local justices, rétablis dans leur autorité primitive, assureront l’exécution de la loi, autoriseront ou refuseront la cession des patentes, régleront l’emploi des sympathiques barmaids, fixeront les heures de fermeture pour le dimanche, pourront interdire l’ouverture des cafés pendant les périodes électorales. Enfin, en 1923, la suppression d’un débit ne donnera lieu à aucun dommage-intérêt. D’ici là, les cabaretiers, privés de quatorze années de commerce, recevront une indemnité, prélevée sur les bénéfices de leurs collègues mieux partagés.

Cette loi draconienne, rejetée par les Lords, malgré les concessions consenties par le gouvernement, a porté au parti radical, à sa popularité, une grave atteinte. A la campagne comme à la ville, le journalier et l’ouvrier, inquiets à la pensée de voir fermer le café de la place ou du coin, et d’être privés le dimanche de leur distraction habituelle, ont écouté avec sympathie les récriminations des barmaids et les adjurations des débitans. D’éloquentes œillades et des rasades gratuites ont triomphé des convictions les plus radicales. La bière coule à pleins bords. Et ces flots généreux contribueront, plus que les menaces dirigées contre les écoles confessionnelles et les atteintes portées aux grosses fortunes, à assurer le réveil, et peut-être la victoire des forces conservatrices.


III

Les succès du parti, qui propose des tarifs protectionnistes et réclame des dépenses militaires, ont été enfin favorisés par la crise industrielle et la situation internationale.

Le commerce britannique, qui s’était ranimé progressivement en 1904 et 1905, connut en 1906 et 1907 deux années d’une extraordinaire activité. 1908 a vu reculer, avec une surprenante rapidité, ce flux bienfaisant. Le nombre des faillites a augmenté de 9 600 à 10 200. La valeur des effets envoyés aux