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LES
ÉLITES ORIENTALES

JEUNES-TURCS ET JEUNES-ÉGYPTIENS

Ces élites ont suffisamment agi, pendant ces derniers temps ; pour que l’on ne conteste plus leur valeur pratique. Notre tort, à nous, Européens, ç’a été de les méconnaître jusqu’aujourd’hui, aveuglés que nous étions par nos préjugés sur la stagnation irrémédiable de l’Islam et aussi par notre manie de ne voir l’Orient qu’en décor. D’ailleurs, cette stagnation, quand elle est réelle, recouvre toujours une foi ardente dans la destinée des Croyans élus de Dieu. Je me rappelle un mot qui me fut dit, il y a quinze ans, par un indigène algérien que j’exhortais à accepter, autant par sagesse que par nécessité, la domination française : « Oh ! me répondit-il, nous acceptons tout ! Seulement, je songe qu’autrefois ce pays appartint aux Musulmans ! Qui sait si, un jour, il ne leur appartiendra pas de nouveau ?… Dieu est le maître ! »

Mais il était bien inutile de scruter le fond des consciences orientales, pour s’apercevoir qu’il y couvait autre chose que de la résignation. Il suffisait de regarder autour de soi. Comment ! voilà des pays que la civilisation moderne envahit de partout,