Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre arsenaux ; c’est-à-dire que nous continuons de faire ce que nous faisions il y a dix ans ! Sachons nous déprendre de la tâche d’hier. Celle d’aujourd’hui, et de demain ne peut attendre. Et puisque l’heureuse situation de notre pays nous permet de porter notre action tantôt dans le Sud, tantôt dans le Nord, profitons de cet avantage pour concentrer le meilleur de nos forces navales dans la Manche et dans l’Atlantique. Aménageons en même temps notre littoral de ces mers de façon à assurer à nos navires les bases navales qui leur sont indispensables.

Nous sommes ainsi amenés à étudier les ressources, naturelles ou autres, que peut déjà offrir cette partie de notre littoral que l’on appelait autrefois le Ponent.


3° Valeur stratégique de nos arsenaux comme bases natales.

Nos arsenaux et les autres points du littoral où une escadre pourrait s’abriter, ou se ravitailler, forment une très courte liste que nous allons examiner en commençant par Dunkerque.

Dunkerque est notre sentinelle avancée vers la mer du Nord. Comme centre d’action de torpilleurs et de sous-marins, c’est un point d’une extrême importance. Toutes les améliorations que l’on pourrait réaliser, soit dans son utilisation, soit dans sa protection, seraient certainement avantageuses, mais un aménagement complet comme base navale, en admettant qu’il soit réalisable, entraînerait des dépenses tellement considérables qu’on ne peut guère y songer pour le moment. Dans l’état actuel, ce port ne peut servir de base qu’à des unités ne dépassant pas un tonnage moyen.

Pour trouver une rade pouvant effectivement abriter une force navale importante, composée de bâtimens de fort tonnage, il faut descendre jusqu’à Cherbourg. La situation de Cherbourg est excellente pour l’attaque. C’est le point de relâche et de concentration tout indiqué pour les escadres qui auraient leur objectif dans la direction de la mer du Nord. En revanche, sa valeur défensive est déplorable. Une force navale cherchant protection contre les entreprises d’un ennemi supérieur, n’y trouverait qu’une sécurité insuffisante. On lui a reproché d’être exposé à un bombardement. Les progrès faits dans l’emploi des torpilleurs et des sous-marins ont atténué ce défaut sans le faire disparaître. Il n’en reste pas moins qu’une sécurité qui repose en partie sur l’efficacité des torpilleurs et des sous-marins est